Le rapport d'O. Goldberg à la kabbale est loin d'être clair.
Il convient de tenir compte pour examiner ce rapport de plusieurs facteurs
; en premier lieu ce que Goldberg a avancé explicitement concernant
le rapport de son propre système à la kabbale. Ce qui conduit
à s'interroger sur la reprise implicite de certaines idées
ou de certains schèmes kabbalistiques même si cet emprunt demeure
plus ou moins dissimulé ou gauchi par ses propres présupposés
métaphysiques. Là-dessus vient se greffer le jugement porté
sur sa personne, son cercle et son oeuvre par G. Scholem.
Examinons donc tout d'abord ce que Goldberg lui-même nous déclare
concernant la kabbale. Un premier passage intéressant apparait dans
son écrit de 1908 "Die fûnf Bûcher Mosis ein
Zalhengebäude, die Feststellung einer einheitlich durchgefüfhten
Zahlenschrift", où il s'efforce contre la thèse documentaire
avancée par la critique biblique de démontrer l'origine
mosaïque et l'unité du Pentateuque en se fondant sur la structure
numérique des lettres, mots et versets du Pentateuque dont l'ensemble
n'est rien d'autre que le déploiement du tétragramme, YHWH.
Il se réfère explicitement pour ce faire à ce qu'avance
Nahmanide dans sa préface à son commentaire sur le Pentateuque
:
Nous possédons encore une tradition véridique qabbalah
shel >emet que toute la Torah est composée de noms divins1
Il pouvait sembler d'après ce premier écrit que Goldberg allait
se situer dans la ligne de l'orthodoxie juive mais sa principale oeuvre
DieWirklickeit der Hebräer va amplement démontrer que
ce n'est pas le cas. C'est au chapitre neuvième de son livre qu' il
nous expose ses vues sur la kabbale2.
Son point de départ est de démarquer la kabbale par rapport
au Pentateuque. Il s'exprime ainsi :
« Die Metaphysik des hebräischen Volkes enthält der Pentateuch
die der Hebraër als Rasse ist die Kabbalah3 »
Cette défintion présuppose toute la conception métaphysique
et historiosophique de Goldberg dont on ne rappellera ici que ce qui est
indispensable pour ce dont nous avons à traiter. Goldberg distingue
la race des Hébreux en tant qu'elle est un rameau de la race
sémitique, l'une des trois grandes races humaines issues de Noé,
du peuple hébreu tel qu'il se constitue à partir d'Abraham4.
Chaque peuple qui forme une communauté humaine authentique possède
un ou plusieurs centres biologiques d'où il provient. Ces centres
biologiques sont les dieux des différents peuples5. Le Pentateuque
entend par Shem rendu à l'ordinaire par "nom" l'ensemble du système
des relations du peuple à Dieu. L'Elohim ne connaît l'individu
qu'à travers le Shem6. Ce dernier signifie la relation dynamique entre
le centre - le dieu - et sa périphérie - le peuple
- qui se présente comme le champ des forces du divin7. La
réalité doit être conçue pour Goldberg comme
liée non à l'individu ni à l'humanité mais au
peuple. La relation dynamique entre dieu et peuple est une puissance constitutive
de réalité. Chaque peuple possèdant un ou plusieurs
dieux différents il en résulte que chaque peuple
"métaphysique" particulier a sa réalité particulière.
Il existe donc toute une série de systèmes du monde
métaphysiques qui se distinguent des systèmes du monde naturel
par le fait qu'ils sont opposés à ces derniers. Le système
du monde, peuple-dieu commence là où cesse la loi de la nature
qui vaut pour tous les hommes. Autrement dit les peuples sont des institutions
en vue du dépassement des lois de la nature8.
Dans la conception du monde de Goldberg notre monde est l'enjeu d'un conflit
entre l'Elohim YHWH qui appartient à la réalité infinie
et les autres Elohim les dieux des autres mondes finis qui sont dans son
langage des "centres biologiques" auxquels se rattachent chacun des peuples
"métaphysiques"9. Ces centres biologiques sont issus d'un domaine
qui se situe entre la réalité finie et la réalité
infinie c' est le domaine de la limitation de l'infinité, principe
génératif de toute biologie et que le Pentateuque désigne
comme Tselem Elohim. Ainsi qu'il existe une cassure insurmontable entre la
sphère prémondaine et le monde lui-même il existe aussi
au niveau de la réalité finie une faille entre l'esprit et
la matière. qui correspond à la catégorie de l'organique
du biologique qui est le lieu où ce situent les centres biologiques
en question10.
Tout le Pentateuque doit être interprété comme un récit
du processus d'affrontement des puissances formatrices de la réalité
des dieux. Le Pentateuque est l'histoire des relations de l'Elohim YHWH aux
autre Elohim c'est l' histoire du déploiement de la force d' YHWH.
C'est pourquoi le Pentateuque est dénommé Sefer Milhamot YHWH
"Livre des guerres de YHWH11".
Pour comprendre l'enjeu du conflit Goldberg opère les distinctions
que voici. YHWH Echad c'est à dire le YHWH l'Un est YHWH comme le
Dieu qui pré-existe au monde cependant que YHWH Elohim est le Dieu
qui pré-existe au monde dans la mesure où il s'achemine vers
ce monde plus précisément dans la partie finie de ce dernier
Lorque le dieu qui pré-existe au monde s'investit dans la
réalité finie il se soumet aux mêmes lois que les autre
Elohim12. Ce qui exclut de lui les attributs dont le pare la théologie
traditionnelle, comme la toute-puissance l'omni-présence et l'
incorporéité de Dieu. Ce qui entraine encore comme
conséquence qu' on ne saurait parler justice absolue de Dieu13 .
Cette limitation de la présence et donc de la puissance de l'originel
divin résulte du fossé insurmontable qui sépare le dieu
qui préexiste au monde de la réalité finie. Lorsqu'il
est effectivement présent il est infiniment plus puissant que les
autres Elohim mais l'amener ici est une tâche si difficile qu'elle
présuppose toute l'histoire du monde. Mais celle-ci est
précisément le processus d'affrontement des Elohim. Les autres
Elohim. coexistent de fondation dans la création du monde et surgissent
nécessairement avec elle c'est pourquoi YHWH Elohim doit tenir compte
des autres Elohim. Le Dieu qui précède le monde ne sera
définitivement supérieur que lorqu'il parviendra à acheverl'
histoire qui est le procès d' affrontement des Elohim c'est dire à
se rendre eschatologique14.
Ce monde-ci le seul qui ne possède aucun centre biologique est le
domaine originel de l'Elohim YHWH ; Mais étant donné que ce
monde est celui de la plus grande tension les autres dieux veulent aussi
prendre possession de ce monde ils agissent comme des "puissances coloniales."
pour cela ils doivent établir un "compromis" avec l'Elohim YHWH. Ceci
s'est produit avec la création d'Adam lors du sixième jour
de la Genèse à la formation duquel a participé non seulement
l' Elohim YHWH mais aussi les autres Elohim ainsi qu' il est dit : «
Faisons un homme » (Gn 1 26) Mais ceci n' est survenu qu' après
que chacun des Elohim ait cherché a créer sa propre humanité
originelle. Les animaux sont le résultat de ces tentatives dont d'
après Goldberg chaque espèce représente un type humain
avorté. Cette formation de races originelles de l'humanité
a été empéché par un acte de délibération
de l'Elohim YHWH concernant les autres Elohim. Aussi doit-on rapporter l'
unité de la race humaine à cette délibération
de l'Elohim YHWH. Sa dfférenciation tout ce qui concerne la naissance
et la mort est l'oeuvre des autres Elohim dont l'Elohim YHWH n'a pu
empécher la participation à l'édification se l'homme
originel du Tselem Elohim15.
Du point de vue de l'Elohim YHWH Adam aurait du vivre éternellement
l'arbre de la vie du jardin d'Eden incarne cette perspective les autres Elohim
qui ont besoin de la différenciation individuelle de la race humaine
utilisent leur participation à l'édification de l'humain pour
produire cette différenciation.
L'arbre dénommé à l'ordinaire "arbre de la connaisance
du bien et du mal" vient signifier l'opposition entre positif et négatif:
en lui se fait jour ce qui est opposition, différenciation,
sexualité16.
La possibilité de choix offerte à Adam est le résultat
d'un compromis établi entre l'Elohim YHWH et les autres Elohim à
la suite de la co-participation des deux parties à la création
de l'homme. Le serpent de la Genèse est le représentant des
Elohim qui dans un premier temps, parviennent à faire expulser l'homme
du jardin où il serait devenu d'emblée éternel. On voit
ensuite le processus de procréation s'enclencher immédiatement
après la transplantation du premier homme17. L'histoire de
l'humanité passe d' abord par une phase que Goldberg dénomme
cosmo-biologique18. Depuis les origines les autres Elohim cherchent à
empécher l'exteriorisation du Shem de l'Elohim YHWH. Des deux fils
d' Adam Abel le représentant de la métaphysique se fait assassiner
par Caîn l'homme de la possession, ainsi la métaphysique
devient-elle vacuité. Adam trouve un substitut à Abel en la
personne de Seth lequel engendre Enosh « à partir duquel on
commença à invoquer le nom de YHWH » (Gn 4,26). Mais ce
fut un début encore faible comme l'indique le nom d'Enosh car par
le mélange des races non seulement YHWH mais une masse d'autres Elohim
furent invoqués en même temps19. Alors que pendant les six jours
de la création les plantes et les animaux apparaissent en
conséquence de la disponiblité des force biologiques
créatrices cette période créatrice va se clore avec
le déluge. Ce dernier est la conséquence de la tentative des
autres Elohim de briser le dessein d'unité de la race humaine qu'un
acte de délibération de l'Elohim YHWH leur avait imposé.
Après quoi les Elohim ont à nouveau tenté de briser
le principe d'unité par des voies plus subtiles en créant d'autres
races que l'homme par des engendrements originels. Ce sont là les
Beney Elohim la progéniture d'autres mondes qui sont directement
entrés dans ce monde sans passer par le canal de l'institution de
la naissance qui se mêlèrent aux hommes en vue de produire de
nouvelles races.
L'époque pré-diluvienne est placée sous le signe du
hamas de la violence (Gn 6 11-12)20. Ce terme définit l'âge
des formations biologiques défectueuses. Les Elohim ne sont pas seulement
le centres transcendants des fonctions biologiques partielles telles qu'elles
apparaisent avec les différentes espèces d'animaux mais aussi
les centres organiques de l'organisme humain dans sa totalité. Les
Elohim s'étant partagés l'homme celui-ci devient le lieu du
processus d'affrontement entre les dieux. Tant que le le processus n'est
pas encore parvenu à un résultat probant à savoir la
stabilisation sous forme de trois principales races le conflit entre les
Elohim, ennemis les uns des autres doit se manifester chez l'individu. Ce
qui signifie la violence à l'intérieur de l'individu car les
contradictions des Elohim des centres-organes s'expriment en lui comme dans
un organisme où chaque organe particulier s'oppose à l'autre.
C'est dans cette disharmonie des Elohim que se trouve la raison de l'apparition
de organismes biologiques défectueux que le Pentateuque désigne
sous le terme de Nefilim (Gn 6,4)21. L'humanité se trouve manipulée
par les Elohim aussi bien au niveau individuel que par la création
de races mêlées entre humain et divin. Il n'existe pas de
réciprocité entre les hommes et les dieux; l'homme lui aussi
use de contrainte envers le divin par le moyen de la conjuration comme cela
est indiqué à propos d'Enosh22. Durant cet âge de la
violence le mésusage du Shem atteint un tel paroxisme qu'aussi bien
la masse mêlée des nefilim que celle de beney Elohim tentent
de le maîtriser et de l'utiliser pour leurs propres fins comme il est
dit :
« Ce sont les gibbôrim les puissants qui sont depuis toujours
des hommes du nom anshey ha-shem » (Gn 6,4)23.
Cet état de choses devait prendre fin dans l'intérêt
de la race humaine et de la réflexion de l'Elohim YHWH qui lui était
liée ainsi que du déploiement de son Shem. Ceci se produisit
avec le déluge par lequel la terre fut à son tour placée
sous le signe du hamas (cf. Gn. 9 11). Une stabilisation du monde s' imposa
alors et il fut décidé que l'état de la nature ne serait
plus interrompu (Gn 8,22) l'arc en ciel devint dés lors le signe de
cette promesse faite à Noé et l'humanité qui allait
sortir de lui24.
Le déluge a donc marqué la fin de la période cosmo
-biologique et fournit son fondement au,processus d'affrontement
anthropo-biologique des Elohim. Trois races humaines procèdent de
Noé lesquelles correspondent aux trois éléments de la
réalité finie : esprit matière et biologie. La race
aryenne est celle qui se tourne vers l'esprit vers ce qui est en haut et
cherche à se rapprocher de l'origine de l'esprit de la réalité
infinie elle est placée dans le Pentateuque sous l'égide de
Japhet. L'autre est préoccupée de la maîtrise de la
matière au sens non pas empirique mais transcendant du terme il s'agit
ici d'une élevation de la matière
(nitsûtsôt) ; c'est là le génie des
Sémites et éminemment celui du peuple des Hébreux. Cette
métaphysique des Sémites est en une forte compétition
avec celle de la troisième des principales races celle des Mongols
désignée sous le Pentateuque sous le nom de Ham. La
métaphysique des Hamites doit être décrite comme une
métaphysique d'une descente dans la matière l'inverse donc
d'une élevation de la matière25.
Le récit de la tour de Babel est décrit comme une phase
négative de l'histoire de l'humanité dans les termes de Goldberg
comme un "processus de fixation", auquel ont présidé les
mêmes forces qui ont mis en place la "normalité" de ce monde
ces forces ennemies de la métaphysique issues de l'entre-deux biologique
situé entre l'esprit et la matière. Lorsque ces forces se rendent
indépendantes elles se pressent entre le centre biologique le dieu,
et le territoire de son déploiement biologique le peuple qu' elles
coupent par là de sa source de puissance. Ces forces ont cherché
par l'expression de leur puissance en utilisant des peuples mêlés
de peuples qui n'ont plus d'Elohim à se substituer à la
métaphysique. Les gens de Babel ont cherché à se faire
un Shem (Gn 11,4) par le moyen de la technique c'est dire par le biais d'un
organisme basé sur l' artifice. La technique veut se substituer à
la métaphysique. Cette substitution de l'artifice à la
métaphysique se concrétise dans le gigantisme de la tour de
Babel conçue comme un pont par lequel on aura accès au mondes
transcendants. Cette tentative sera stoppée par la confusion des langues
qui équivaut à la défaite de cette "fixation"26. La
fixation cette ennemie née de la métaphysique n'a pas
débutée avec Babel. Elle est déjà présente
aux origines de l'histoire avec la naissance de Caîn ; alors qu'Eve
croit avoir donné naissance à un homme avec YHWH elle engendre
en réalité Caïn l'homme de la possession autrement dit
le premier-né de la fixation (Gn 4,1). C'est lui qui assassinera Abel
le représentant de la métaphysique ; prédécesseur
de la lignée métaphysique Seth - Sem. C'est de Caïn que
sont issus tous les kaïnites agriculteurs artisans et fondateurs de
cités27.
L'avènement de l'état est une conséquence sur le plan
factuel de la fixation. Les états sont des pôles opposés
aux peuples. Chaque peuple qui se trouve scindé de son dieu se trouve
conduit inéluctablement au stade de sa décadence. Ce déclin
survient parce que l'on n'a plus affaire dés lors à un peuple
mais à une foule d'individus; qui tôt ou tard doivent
s'éteindre. Les puissances de la fixation essaient de stopper ce processus
de déclin par un ordre humain substitué à l'ordre naturel
qui se maintient un certain temps ; c'est cela l'essence de l'état.
Le même principe démoniaque qui donne lieu aux
impropriétés de la biologie et aux contingences de l'ordre
de la nature est aussi l'auteur dissimulé du non sens que constitue
l'état28.
L'arrêt des engendrements cosmo-biologiques et de la fondation du
système des peuples qui s'y trouve lié a le sens, d'une part
de susciter et de hâter la confrontation et le processus de dissociation
des Elohim et d'autre part d'amener la cristallisation et la mise en
évidence par l' Elohim YHWH de son propre Shem. La tripartition d'Adam
en Sem, Ham et Japhet les trois principales orientations métaphysiques
signifie que les dieux se séparent désormais les uns des autres
et se rendent indépendants. Avec l'ère anthropologique chaque
Elohim a désormais son propre terrain de forces son propre peuple
sur la terre : tout est prêt pour que la guerre des dieux en vue de
la suprématie puisse s'engager (29)!
La fondation de la période anthropologique ne conduit pas cependant
d'emblée à la cristallisation et la mise en évidence
par l' Elohim YHWH de son propre Shem. Certes YHWH est l'Elohim de Shem davantage
qu'il ne fut celui d'Adam. Pourtant deux circonstances font que le "système
anthropologique" n'est utilisable par YHWH que d'une manière
limitée. En premier lieu pour ce qui concerne YHWH il n'est pas un
centre biologique des autres Elohim de la réalité finie. D'autre
part en ce qui concerne les Sémites et les Hébreux il sont
à l'origine un peuple comme tous les autres (cf. Jos 24,2) ils disposent
de centres biologiques comme les autres ils proviennent donc aussi des autre
Elohim30. C'est la raison pour laquelle YHWH devait mettre fin à cette
chaîne continue qui débuta avec Adam par un acte
révolutionnaire introduisant une dicontinuité dans l'histoire
: la fondation de son propre peuple. Etant donné que l'Elohim YHWH
ne se laisse pas "dériver" au sens d'un centre biologique puisqu'il
est issu de la sphère prémondaine et de la réalité
infinie il en résulte que la relation entre l'Elohim YHWH au peuple
d'Israël repose sur un acte d'élection qui est exprimé
par l' acte de la Berit d'un choix réciproque ce qui n'est le cas
d'aucun autre peuple ; chez tous le lien entre lui est d'ordre naturel de
l'ordre de la descendance. Au contraire il est requis d' Israël d'abandonner
le centre biologique d'où il procède ce qui contredit à
la nature. On le voit déjà chez Abraham qui aussi bien par
la circoncision que par son acquiecement au sacrifice d'Isaac prouve qu'il
est disposé à renoncer à instaurer un nouveau mode de
vie qui s'oppose à l'ascendant du biologique31.
Cela dit il faut cependant distinguer entre les Hébreux comme race
et les Hébreux après Abraham c'est à dire les
Israëlites. Le peuple d'Israël est un refondation. Il est à
l'inverse du peuple de Hébreux une fondation téléologique
qui consiste en ce que une rupture a été consommée avec
le centre de filiation à partir de laquelle doit avoir lieu une aspiration
vers un but final, le dieu de l'élection. Alors que chaque peuple
métaphysique est contraint à servir son centre biologique pour
assurer son auto - conservation le peuple téologique dispose du choix
à l'égard du culte et de la liberté de volonté
à l'égard du dieu vers lequel il tend. Mais le peuple ne sera
jamais à l'abri d'une régression dns le biologique comme le
montre l'épisode du veau d'or32 (88). Il risque même lorsqu'il
abandonne sa vocation de se situer en-dessous du niveau des autres peuples
authentiques étant donné son éloignement du centre de
filiation. Mais le maintien de ce qu'il y a de corporel dans le peuple issu
des autres Elohim malgré sa rupture avec les anciens Hébreux
fait que ce corps n'est pas à l'abri d'une forte réaction
corporelle en faveur des autres Elohim. D'où la nécessité
pour les Hébreux de contrer leur prédisposition métaphysique
le Dieu de l'élection se distinguant des autre dieux par son noyau
pré-biologique. C'est pourquoi le principe de la métaphysique
hébraîque sera : contra naturam vivere33.
Kabbale et Pentateuque
Nous sommes après ce long mais indispensable détour en mesure
de comprendre le sens de l'énoncé suivant de Goldberg qui introduit
à sa confrontation entre le Pentateuque et la kabbale :
« Die Metaphysik des hebräischen Volkes enthält der Pentateuch
die der Hebraër als Rasse ist die Kabbalah34. »
La kabbale est pour lui bien plus ancienne que le Pentateuque lequel se
présente comme une protestation contre elle. Ses premiers
représentants sont les "puissantes individualités" de la race
sémitique et hébraïque Shem et Eber qui comme nous l'a
transmis la tradition (Rashi sur Gn 25, 22), sic dixit Goldberg, avaient
déjà fondé au temps d'Abraham des instituts de recherche
où l'on traitait de la métaphysique du Shem YHWH au sens
pré-abrahamide de l'hébraïsme en tant que race. A
l'époque de Moïse on verra l'ancienne métaphysique
sémitique se dresser contre le peuple hébreu lorsque le peuple
d'Israël se trouvera menacé dans on existence par les magiciens
de race hébraîque à savoir les Araméens. Bileam
ce magicien qui vient maudire Israêl a un nom qui signifie " sans peuple"
il est un "individu" et vient de la ville de Pator (terme qui signifie
interprète des songes) sur l'Euphrate. Sa force qu'il met au service
de Moab et de Midian repose sur la puissance des races antérieures.
Lui-même aussi bien que Moab et Midian font partie de la race
hébraïco-araméenne à laquelle appartenait
également Abraham. C'est donc ce monde araméen qui engage une
épreuve de force avec Israël par Bileam interposé lequel
use pour cela de la métaphysique du Shem YHWH (Nb 22, 18). Le combat
engagé entre Bileam et le peuple hébreu est du même coup
d'après Goldberg l' affrontement de deux méthodes
métaphysiques celle de kabbale au sens large du terme et celle du
Pentateuque affrontement dont la métaphysique du Pentateuque sortira
vainqueur35.
On voit par là que Goldberg émet d'emblée un jugement
de valeur négatif concernant la kabbale. Il dégage ensuite
plusieurs couples d'opposition qui servent à définir les deux
systèmes métaphysiques qui s'affrontent :
1 ) Lopposition entre individu et peuple.
Le terme de kabbale qui signifie prise en charge naît de ce que la
métaphysique d'un "individu" qui est en possession d'une dynamis est
transferée à un autre, se trouve transmise à lui. La
métaphysique de la kabbale correspond au principe selon lequel la
génération spontanée métaphysique la fondation
d'une race s'étant produite. La puissance métaphysique des
fondateurs de la race dans notre cas le Shem, ne peut réapparaître
chez des représentants postérieurs de la race que si elle se
trouve soit transmise conformément à l'étagement
généalogique c'est à dire par lignée et naissance
; soit qu'elle se trouve prélevée à partir d'un "individu
puissant" d' une autre membre d'une race moins douée. Quoique la
métaphysique du Pentateuque soit également liée à
la fondation et par là à un processus de transmission, le
système du peuple fondé à l'opposé du peuple
apparu à travers un procès de développement est une
disposition orientée vers le futur qui est dès l' origine
disposé de telle manière qu'elle porte en soi la possibilité
non seulement de l'entretien mais aussi de la production et de l'accroissement
de la dynamis36. Que la kabbale se présente comme un
ésotérisme en rapport avec salut individuel se vérifie
avec le hassidisme dans lequel Goldberg s'accorde à voir avec Buber
la traduction de la kabbale en éthique. La kabbale se voit donc
qualifiée de non-politique ; elle ne connait pas d'institution du
peuple à l'inverse de la métaphysique éxotérique
du Pentateuque37.
2) Ésotérisme et exotérisme
La kabbale étant une une métaphysique de l'individu est
nécessairement une méthodologie de l'interiorité à
l'inverse de la métaphysique du peuple qui est une technique tournée
vers l'extérieur. De là découle que tout le domaine
des mesures "ésotériques" et des opérations "magiques"
s'inscrit à l'intérieur de la métaphysique sémitique
dans celle de la kabbale et non dans celui du Pentateuque. La kabbale est
un ésotérisme le Pentateuque un exotérisme, une "politique"
non au sens trivial du terme mais au sens d'une "ûbersinnliche
Weltpolitik". Cette politique consiste à insérer la matière
morte dans le domaine du supra- sensible38.
3) L'opposition entre le magicien et le prophète.
Les "puissantes individualités" : sont semblables à de grands
capitalistes qui peuvent céder à d'autres une partie de leur
capital ; sans aucune contrainte. C'est là la différence entre
les individualités à puissance métaphysique les magiciens
de la kabbale et les prophètes du Pentateuque. Les individualités
représentants des suites généalogiques sont des aristocrates
alors que le prophète est nécessairement un homme du peuple
; car il oeuvre à l'aide des forces transcendantes du peuple dont
il tire son pouvoir.
L'ensemble des congénères du magicien ne tire aucun avantage
de la puissance du magicien car elle est égoîste alors que
l'activité du prophète est altruiste : le prophète est
au milieu du peuple alors que le magicien se sépare de celui-ci39.
4) L'opposition dans le rapport aux noms divins
Le "individualités puissantes" étant à considérer
comme des lieux de condensation de beaucoup d'Elohim le Shem de l'Elohim
YHWH qui se trouve lié aux noms des autres Elohim ne peut s'exprimer
dans sa pureté 40. Il en découle que tant l'Elohim YHWH se
trouve encore à l'intérieur du monde sémitique son nom
demeure impur (cf. Gn. 25 6). A l'opposé du Pentateuque dont la
tâche est de gagner le vrai nom de l'Elohim YHWH la racine de la kabbale
réside dans le mélange des noms (c'est à dire dans le
système de la réalité pré-diluvienne) qui
procède de l'état de mélange anté- diluvien des
Elohim. La kabbale est donc un usage anté-déluvien de se comporter
avec le Shem.
5) Conjuration et sacrifice
Le moyen d'action de la métaphysique kabbalistique est de contraindre
les dieux conjuration qui vulgairement est nommée prière. Il
ne s'agit en rien de la prière-demande de la religion universelle
tardive. Ce n'est que dans le dévellopement plus tardif de la kabbale
que la prière de l'individu devient un substitut de la conjuration
laquelle est le moyen métaphysique indispensable ausi longtemps que
dure la période de la "kabbale" de la pré-puissance du peuple
c'est à dire jusqu'à ce que se produise le résulat final
du processus de démétissage du peuple. La prière est
également plus tard le substitut total du sacrifice, lequel est lié
à une institution du peuple tant qu'une disposition publique
centralisée existe. Par rapport à ceci le Pentateuque ignore
le culte de la prière car celle-ci est de nature intérieure
et privée. Il ne connaît que le culte sacrificiel public
pratiqué par l'ensemble du peuple qui est la vraie antithèse
du précédent. Les forces qui y sont liées promeuvent
pour le peuple une force politique transcendentale. C'est la fonction du
rite et de la tente d'assignation de mettre en oeuvre cette politique41.
L'Histoire de la Kabbale selon Goldberg
Nous avons vu que pour Goldberg, la kabbale est bien plus ancienne que le
Pentateuque lequel se présente comme une protestation contre elle.
Le plus ancien témoignage écrit est à ses yeux le Sefer
Yetsirah lequel occupe une place particulière car il n'appartient
ni à la métaphysique typique de la kabbale ni à celle
du Pentateuque il se tient entre les deux . C'est la raison pour laquelle
l'attribution de son système à Abraham lui apparait historiquement
fondée. Ce qui lui permet de'atténuer quelque peu son opposition
entre les deux métaphysiques lorqu'il écrit :
"De même qu'il existe une zone d'indifférenciation entre peuple
et individualité il en existe une entre kabbale et Pentateuque ; ces
deux zones convergent dans la personne d'Abraham et dans une certaine mesure
d'Elie42."
Dans son Maïmonides il ira plus loin encore en déclarant : "la
kabbale est ce qui se trouve le plus près du temps du Pentateuque.
De la même manière que celle-ci a précédée
la Torah de la mème manière elle l'a suivie43" Il va jusqu'à
écrire que cette succession ne se produit : "evidemment pas en tant
que tendance opposée contre le Pentateuque. mais en tant que
développement historique ultérieur inconscient pour ses porteurs
qui n'a jamais totalement perdu son rapport avec le Pentateuque44"
Lorsqu'au moment de l'exil de Babylone en 586, le culte hébraîque
cessa d'exister il ne subsista qu' aussi longtemps qu'existaient les tables
de la Loi supports de la présence divine des représentants
éminents de l'orientation kabbalistique surgirent du milieu de l'exil
: Ezechiel et sa vision de la merkaba et Daniel avec ses interprétations
des songes et ses calculs de la fin des temps. C'est donc précisément
au moment où l'héritage de l'hébraïsme est en danger
du fait de cessation du culte sacrificiel lors de la destruction du Temple
salomonien que les représentants de l'orientation kabbalistique que
sont pour Goldberg d' un côté Ezechiel qui décrit la
Merkaba et d'autre part Daniel le seul représentant de la
littérature apocalyptique qui se soit trouvé inclu dans le
canon de la Bible hébraïque se mettent à écrire45.
De même que la kabbale a réussie à se glisser à
l'intérieur de la Bible elle est aussi parvenue à se loger
à l'intérieur du Talmud. Son lieu de prédilection est
le domaine de l'aggadah. Il existe en effet manifestement dans le Talmud
des aggadot qui n'ont aucun rapport avec le Pentatauque ce sont les aggadot
kabbalistiques du Talmud46. Goldberg en fournit un exemple en citant sans
le nommer l'enseignement de R. Abahu selon lequel Dieu a créé
des mondes et les a détruit.
Le Talmud ne distingue pas entre ces deux types d'aggadot parce que les
talmudistes n'ont pas séparé les aggadot relatives au Pentateuque
de celles qui étaient de nature kabbalistiques. Ce qui s'explique
par le fait que celui qui transmet le Talmud et la kabbale sont une et même
personne. C'est encore le cas au Moyen-Age pour des personnalités
comme Yehudah be Yaqar Nahmanide ou Todros Aboulafia47. C'est cette union
des deux traditions en une personne qui explique que lors des polémiques
autour de Maïmonide les talmudistes et les kabbalistes aient constammant
fait front commun contre Maïmonide. Goldberg prétend même
qu'il n'y a jamais eu de conflits entre talmudistes et kabbalistes48.
Pourtant certains d'entre ces maîtres ont eu conscience. de
l'étrangeté de la kabbale par rapport à la Thora et
ont essayé de la surmonter . Ils ont tenté d'abord d'interdire
toute discussion publique de sujet kabbalistique49. Ils se sont
efforçé de surmonter les différences qu'ils ressentaient
entre la kabbale et la Torah en rédigeant le Zohar qui se
présente sous la forme d'un commentaire du Pentateuque. Le signe de
l'authenticité du Zohar réside en ce qu'il a annoncé
pour notre époque la disparition des reste du culte et l'épuisement
des matières premières la décadence et le messianisme.
Ceci indique que le Zohar est un authentique "livre saint de la
kabbale"50.
C'est sans aucun doute également au Zohar que Goldberg fait allusion
lorqu'il écrivit dans la Wirklichkeit der Hebraër :
« Dans les écrits tardifs de la kabbale se reflète à
nouveau leur origine sémitique ainsi l'insistance sur "l' autre
côté de la divinité" et le "penchant érotique"
qui s'étend à travers beaucoup d'écrits kabbalistiques
fait remonter à la surface l'état de mélange des Elohim51.
»
La doctrine kabbalistique
Dans un important passage de son Maîmonides Goldberg confronte sa
Weltanschauung avec celle de la kabbale identifiée avec la kabbale
lourianique. Après avoir évoqué les oppositions
formulées dan sa Wirklichkeit der Hebraër qui portaient davantage
sur la forme il s'efforce là de cerner les différences dans
le contenu. Pour la kabbale le monde est édifié de manière
polaire : elle se se compose de forces opposées ; positives et
négatives de masculin et de féminin Il s'agit de réunifier
les forces antagonistes pour rétablir l'équilibre du monde
: l'harmonie des forces ; mais il n'y pas pour elle de forces mortes ; même
la matière apparemment morte contient encore des étincelles
de vie. La finalité mondiale de la kabbale réside donc en ceci
: unifier toutes les forces de vie masculines et féminines en vue
d'une grande harmonie en une une personne - monde. C'est l'hermaphrodite
qui unit en lui le masculin et le féminin. Il ajoute que c'est de
cette position que découlent tous les théories occidentales
de "l' âme du monde". Le Pentateuque dit : l'équilibre est
l'harmonie l'harmonie est la beauté mais la beauté n'est pas
la justice. Pour la Thora il s'agit de justice.; il existe donc un devoir
d'arriver au-delà de l'être poli, de la beauté de l'
équilibre. La fin cosmique de la Thora : d' amener le monde au-delà
de son point mort et sortir hors de la polarité. Le but de la kabbale
ne peut réaliser que l'homme seul même s'il ne s'agit que du
puissant individu supra-sensible. Le but du Pentateuque porte sur la
divinité elle-même car il n'est que Dieu qui puisse progresser
contre les champs de force finies et limitées en tant qu'elle les
brise et fait surgir toujours plus de de l'infinité c'est à
dire sur la voie de la toute-puissance52.
Conformément à cela, il faut, d'après Goldberg distinguer
fondamentalement entre l'idée de création dans le Pentateuque
et dans la Kabbale. La kabbale connait le Zizum la contraction de la
divinité. Lidée de contraction dans le Pentateuque est
toute différente. La distinction est la suivante. La contraction du
divin dans la Kabbale a lieu avant le monde alors que d'après la Torah
elle se situe à l'intérieur du monde. La Kabbale demande: comment
le monde est-il apparu? elle répond : le monde est apparu parce que
Dieu lui-même s'est limité afin que le monde vienne à
l'existence. A partir de cette partie en vue de laquelle il s'est d'une certaine
manière raccourci pour que le monde advienne. Aussi ce monde est-il
une partie de Dieu D'où cette conséquence Dieu n'est pas le
monde mais le monde est une partie de Dieu. La Thora au contraire enseigne
que Dieu n'a pas eu besoin de se limiter pour fabriquer le monde car Dieu
a fabriqué le monde à partir du néant. Le monde n' est
pas Dieu mais a surgi du néant à partir de la toute - puissance
divine. Dieu n'a besoin de se restreindre que lorsqu' il veut
pénétrer dans le monde. La kabbale au contraire du Pentateuque,
laisse donc procéder le monde de Dieu émaner de lui. Il s'agit
donc d'une doctrine de l'émanation. Toutes les théories de
l'Occident qui établissent une égalité entre Dieu le
monde et la nature ainsi chez les stoîciens et Spinoza descendent de
la kabbale. Le Pentateuque est la seule position qui scinde et oppose une
manière conséquente Dieu et le monde, il est le seul à
énoncer la toute-puissance divine d'une manière qui soit
cohérente53.
Examen critique de la conception de la kabbale de Goldberg.
Un historien de la kabbale en particulier et de la pensée juive en
général ressent d'abord un sentiment de perplexité devant
les affirmations souvent marquées d'ambivalence de Goldberg. Ainsi
le voit-on opposer successivement Pentateuque et Bible Pentateuque et Talmud
Pentateuque et kabbale ce qui pris à la lettre identifierait le
judaîsme de Goldberg à une sorte de néo-sadducéisme
ou de néo-caraïsme. Paradoxalement, on sent souvent derrière
l'argumentation de Goldberg une connaisance poussée des sources
traditionnelles dont témoigne en particulier le nombre important de
citations qu'il fait du commentaire de Rashi même s' il gauchit parfois
l'interprétation du maître de Troyes conformément à
ses propres vues54.
Ceci est également valable pour le domaine de la kabbale compte tenu
de l'époque où il expose ses vues en ce qui la concerne. Prenons
par exemple son affirmation d'après laquelle la kabbale serait plus
ancienne que le Pentateuque. Il est certain qu'une telle affirmation prise
en tant que telle pourrait s'appuyer sur des textes kabbalistiques anciens
d'après lesquels non seulement Shem et Eber auraient été
l'objet d' une révélation esotérique particulière
mais cela aurait été le cas pour Adam également55. Mais
pour les kabbalistes la kabbale ne s'oppose jamais au Pentateuque elle est
conçue toujours comme l'aspect ésotérique de la Loi
orale confiée à Moïse au Sinaï et transmise depuis
lors à travers la chaîne des maîtres de l'arcane56 .
Si Goldberg a bien mis en valeur le concept de Berith, d'alliance, constitutive
de l'hébraïsme on ne saurait affirmer que cela s'opère
en discontinuité complète avec le passé
hébraïque57. Goldberg lui-même n'évoque- t-il pas
l'alliance conclue avec Noé qui atteste comme il l'affirme d'une
stabilisation de de la nature mais qui est contrairement à ce qu'il
avance, un premier contrat conclu entre Dieu et l'humanité toute
entière figurée par Noé58. C'est dans le sillage de
l'alliance noahide que se spécifiera l'alliance avec les patriarches
et avec le peuple d'Israël tout entier.
De même si Balaam est bien présenté par le Zohar comme
un magicien ce livre prend soin de distinguer clairement entre l' action
théurgique et l'action du magicien ou du sorcier59. La connaissance
des principes immanents à la création permet à l'homme
d'agir sur la création toute entière y compris sur le monde
divin. A partir de là, deux types d'action sont alors possibles pour
l'homme :
L' une est positive c'est celle du Juste quit agit sur le monde divin pour
unifier le monde divin tous les mondes entre eux et dispenser la
bénédiction. Citons à ce propos un passage du Zohar
:
« Nous avons appris que par l'action d'en -bas s'éveille l'action
d'en-haut Si l' homme accomplit une action adéquate en-bas il
éveille une force adéquate également en-haut. Lorsque
l'homme exerce sa bonté en bas, il suscite la bonté en-haut
qui demeure toute la journée et qui sucite un réveil à
cause de lui.. Heureux celui qui acomplit une action valable en-bas car partout
l'effet dépend de l'action : savoir éveiller autre chose en
haut60"
L'autre action est négative : l'homme au lieu d'agir sur le
côté de la sainteté peut ausi adhérer à
l'autre côté la sitra >ahra en pratiquant la sorcellerie.
L'attitude intérieure est différente dans chaque cas. Alors
que le mystique veut donner le mage veut recevoir. L' étude de la
Torah la prière et l'observance des préceptes sont
présentés par la le Zohar comme de actes de théurgie
éminemment positifs et servent de défense contre les pouvoirs
du démon .Inversement le côté du mal la sitra >ahra
est identifiée avec la sorcellerie dont les messagers : sont les
démons ou âmes esprits malfaisants .
Bien loin d'être un magicien le kabbaliste de la kabbale théosophique
se situe dans la lignée des prophètes et interprète
tout le prophétisme selon une conception semblable à celle
de l'intentionnalité de la prière kabbalistique61. Ce qui est
vrai dans le cadre de la kabbale théosophique l' est encore davantage
dans le cadre de la kabbale prophétique d'un Abulafia et de ses disciples
où le kabbaliste estime pouvoir renouer avec le don de la prophétie.
Car même si le courant de la kabbale extatique se présente davantage
comme anthropocentrique que l'oriention théosophique il n'empèche
que même ce type de mystique ne se désintéresse pas de
l'ensemble de la collectivité. Ce n'est pas l'effet d'un hasard si
Abraham Abulafia exprima des prétentions messianiques 62. Même
dans le cas du hassidisme où nous sommes en présence d'un
modèle que l'on a pu qualifier de magico - extatique le Zaddiq accomplit
par sa prière extatique et par ses interventions auprès du
monde céleste non seulement son salut personnel mais prend en charge
le destin de toute la communauté de ses dévots de ses hasidim
et à la limite celle de tout Israël 63.
Qu' à certaines époques de la mystique juive on ait pratiqué
des conjurations et mis en oeuvre des pratiques magiques ainsi dans la mystique
des Heykhalot ou celle des Hasidey Ashkenaz est chose évidente. Que
l' oraison kabbalistique puisse se dégrader en magie est peu contestable
mais cela ne suffit pas à valider la typologie de Goldberg qui voudrait
rejeter l'ensemble de la kabbale du côté de la magie.
Qu'en est-il des distinctions doctrinales que Goldberg a énoncées
dans son Maimonides ? Là également Goldberg énonce un
certain nombre de choses valables ainsi lorsqu'il dit que le monde pour la
kabbale est édifié de manière polaire et qu'il s'agit
pour le kabbaliste de réunifier les forces antagonistes pour
rétablir l'équilibre du monde, l'harmonie des forces. Il
définit aussi avec bonheur la finalité de la kabbale lourianique
en afirmant qu'elle veut tout unifier dans l'Adam Qadmon64.
Mais là aussi Goldbeg outrepasse ce qu'il glane dans les sources.
Si la kabbale valorise l'harmonie et la beauté elle n'ignore pas la
justice toute la finalité de la prière kabbalistique est d'unifier
les différentes valeurs fondamentales et en particulier justice et
miséricorde et ce faisant d' agir sur le divin lui-même.
Il est d'autre part paradoxal de voir Goldberg opposer la doctrine de la
création ex nihilo en tant qu'expression du Pentateuque. à
la doctrine lourianique du Zimzum . En effet le reproche de panthéisme
fait à la kabbale provient en droite ligne des conceptions philosophiques
et théologiques que Goldberg abhorre et dont la source n'est autre
que le livre de J. G. Wachter, Der Spinozismus im Judenthumb (1699).
Goldberg ici se retrouve un peu dans le rôle de Mendelssohn qui tentait
de se dissocier de l'accusation de spinozisme portée par Jacobi contre
Lessing. Historiquement c'est pour répondre aux difficultés
de la notion de création ex nihilo que les kabbalistes ont donné
un nouveau sens aux notions d' être et de néant. Le concept
de Zimsum a plus tard eu précisément pour fonction d'établir
une coupure entre Dieu et le monde qui empèche la confusion entre
les deux ce qui établit une distincttion nette d'avec un pur
émanatisme de type néo-platonicien65.
On ne voit pas non plus en quoi l'idée de rassemblement des
étincelles contredit comme il le prétend à l'idée
de berith66. Lui-même actualise cette idée de rassembler les
étincelles de sainteté dans son Maîmonides en invitant
ses fidèles à la recherche des " verbliebene reste von
Urzeugungskräften" 67.
Si l'on veut revenir à présent pour utiliser un language
bergsonien, à l'intuition fondamentale de Goldberg dans sa vision
du judaîsme du Pentateuque et de la Kabbale elle me semble résider
dans le motif du conflit entre l' Elohim YHWH qui appartient à la
réalité infinie et les autres Elohim, les centres biologiques
des différents peuples qui sont les dieux des peuples, conflit qui
doit s'achever eschatologiquement par la manifestation de la toute puisance
infinie dans le monde fini. Derrière l'habillage biologique On retrouve
ici un thème déjà présent dans la littérature
juive depuis le livre de Daniel et qui a été transmis à
la kabbale à travers la littérature apocalyptique et midrashique.
Il s'agit du thème des archontes auxquels se trouve dévolu
le gouvernement des peuples et qui sont solidaires de leur destin. Il nous
suffira de citer trois textes qui parlent d'eux-mêmes. D'abord le verset
9 du chapitre trente deux du Deutéronome dans la version de la Septante
: "Il a établi le territoire des peuples selon la nombre des anges
de Dieu kata arithmon aggelôn theou." Dans le midrash Shemot Rabba
on déclare à propos du passage de la mer rouge :
"Le Saint-béni-soit-Il déclare : Je frapperai la divinité
d'abord et ensuite son peuple68". Comme témoin kabbalistique citons
le Ma<arekhet ha- >Elôhût rédigé dans
l'école de Nahmanide :
"Et des soixante -dix rameaux de l'arbre procèdent les soixante-dix
archontes qui gouvernent les soixante -dix peuples. Les archontes sarîm
sont dénommés les dieux des peuples69". C'est ce motif qui
me parait le noyau originel de toute la lecture que pratique Goldberg du
judaïsme. Il est en quelque sorte structurellement l'équivalent
du motif du bris des vases dans la kabbale lourianique dont on ne trouve
pas de mention explicite et ce n'est peut-être par un hasard dans les
écrits de Goldberg.
En guise de conclusion
Pour achever nos réflexions considérons à présent
les jugements émis par Scholem sur Goldberg. Pour bien faire il me
semble qu'il convient de discerner entre l'attitude de Scholem concernant
la personne de Goldberg et l'analyse qu'il fait de ses écrits.
A lire les pages que Scholem a consacré à O. Goldberg et à
son cercle que ce soit dans "Walter Benjamin Die Geschichte einer Freundschaft"
ou dans son Von Berlin nach Jerusalem on constate que Scholem professait
une anthipathie très profonde pour l'homme. Il le présente
physiquement comme "Ein kleiner dicker Mann von der Erscheinung eines
Ölgötzen" (cf l'expression wie ein Ölgötsen dastehen)
ce qui n'est vraiment pas charitable70. Psychologiquement Goldberg est
décrit comme un homme en proie à des états schizoïdes
qui l'amenaient avant le réveil à des états
crépusculaires où il était l'objet de visions à
partir desquelles il tirait son autorité auprès de ses disciples71.
S'étant d'après Scholem ce qui reste à prouver
détaché de théosophie professée par Mme. Blavatzky
Goldberg devient un chef de "secte" qui exerçait une forte volonté
de puissance sur ceux qui l'approchaient. Sa pensée ne manquait pas,
nous dit-on, d' un éclat luciférien au point que Scholem est
allé dans une conversation tenue en septembre 1921 avec Dora Hiller
la future femme de Goldberg jusqu'à traiter Goldberg de représentant
du diable de Samaël dans notre génération72. Scholem rappelle
également non sans une certaine délectation que Thomas Mann
après, s'être basé sur les conceptions métaphysiques
de Goldberg dans son roman sur Joseph inclus dans ses "Geschichten Jakobs"
a exprimé ensuite sa gratitude à l'égard de Goldberg
en le présentant dans son "Doktor Faustus" sous les traits du Dr.
Chajim Breisacher lequel expose une sorte de métaphysique hyper-nazie
une théorie magique des races en recourant au vocabulaire de Goldberg73.
Ce portrait scholémien de Goldberg parait, avec le recul des années
empreint de passion et peu objectif. Il s'explique par l'itinéraire
personnel de Scholem à la recherche dans les années vingt d'un
approche de la kabbale qui intégrerait ce domaine dans la champ des
études juives et la mettrait à la place qui lui convient dans
l'histoire juive. Pour cela il lui fallait s'écarter tout à
la fois du rationalisme professé par les tenants de la "Wissenschaft
des Judentums" qui ne voyaient dans toute mystique qu'une pure Schwärmerei
mais aussi savoir résister à la tentation, la violence même
de son propos contre le groupe de Goldberg l'atteste de participer à
un cercle organisé autour d'un personnage doué incontestablement
d'un pouvoir charismatique et que fréquentèrent des
personnalités telles que Walter Benjamin qui s'intéressa au
activités du groupe comme Scholem le reconnaît lui-même,
jusqu' à l'époque hitlérienne.
Venons en à présent sur les jugement que Scholem a porté
sur les écrits de Goldberg aussi bien dans les deux livres cités
précédemment que dans sa fameuse lettre du 23 aout 1928
adressée à Rosa Okun sur la "Wirklichkeit der Hebraër".
Il commence par dénoncer l'amagame de perspectives valables avec un
délire non déguisé en un prétendu système
reposant sur un ontologie "constatative" naïve qui a pris une forme
grandiose. Scholem déclare qu'il est à la fois opposé
au système qui se trouve exposé dan le livre et sur la
"méthode philologique" sur laquelle il repose. Goldberg a substitué
à une approche philologique sérieuse une mystagogie de la grammaire
et de l'étymologie qui a poussée sur un sol théosophique
démarche que Scholem balaie d'un revers de la main. Goldberg se rattache
par ses interprétations en particulier à propos des Urwörter
qui comprennent en eux un sens et son contraire se situent dans la ligne
d'un Fabre d'Olivet et d'autres orientation depuis longtemps abandonnée
par toute la science du langage. Ce qui apparaît si l'on met de
côté sa philologie est un authentique système gnostique
rendu tolérable par la terminologie moderne de la biologie74. Scholem
fait encore ressortir que le point de départ de ce qu'il qualifie
de "toute récente démonologie" est la conviction que le Pentateuque
tel que nous le possédons actuellement est l'authentique document
que l' Elohim YHWH a mis par écrit littéralement et dans tous
ses détails pour entrer en relation avec son peuple. La conception
d'un tel "corpus mysticum" qui nie tout le travail des massorètes
jusqu'à Bar Asher est cohérent dans une conception strictement
orthodoxe du judaïsme inspiré par la kabbale. Mais comment Goldberg
peut-il y adhérer alors qu'il admet par ailleurs un processus de
"théologisation" à l'oeuvre dans les livre de la Bible ce qui
suppose toute une histoire des écrits bibliques. Tout repose ici sur
des fantasmes qui se retrouvent aussi dans les cinq pages qu' il consacre
à la kabbale dans "Wirklichkeit der Hebraër". La manière
de penser de Goldberg respire en tout cela l'esprit du pilpul où la
raison ne contrôle rien. Rien ne vient justifier sinon la construction
du monde, cette kabbale biologique polythéiste qui forme le coeur
de l'ouvrage. Son affirmation que la mythologie est une "science
expérimentale" relève du pur verbiage. Certes les
interprétations mythologiques gnostiques et les conceptions de Goldberg
ne sont, d'après Scholem rien d'autre que de telles vues énoncent
que le contenu du mythe est une fois réellement advenu c'est ce qui
aurait jadis été experimenté par un prêtre ou
un prophète. Mais cela reste précisément à
démontrer ! Dans son livre sur Benjamin Scholem met l'accent sur le
fait que Goldberg interprète le rituel de la Torah comme un continuum
de magie parfaite75. Par le centre biologique qu'il constitue avec son cercle
Goldberg tente de rétablir le le lien magique entre Dieu et son peuple.
Le cercle de Goldberg s'est constitué en l'absence de toute concurrence
comme l' écrit Scholem avec son ironie mordante, en un Volkszentrum
ayant des objectifs métaphysiques impérialistes76. Ainsi prend
-t- il ausi à partie Unger pour son "Die staatenlose Gründung
eines jüdishes Volkes" publié en 1922, ce qui se comprend
aisément pour un sioniste comme Scholem77. Aussi pour Scholem le vrai
sens du titre de la "Wirklichkeit der Hebraër" devrait être :
"Die Wirk(lichkeit) der Hebräer oder warum sollen wir Frankisten werden"78.
La théorie et la pratique de Goldberg ne sont donc à ses yeux
qu' une nouvelle forme du frankisme et donc de faux-messianisme79.
Il reconnait cependant aux gens du cercle de Goldberg et spécialement
à Unger, le mérite d'avoir saisi l'urgence d'apporter une solution
politique aux problèmes psycho-physiques solution qui ne manque pas
de grandeur malgré sa tendance démoniaque. Scholem admet aussi
que l'idée selon laquelle le monde mythique est arrivé plus
près que nous d'une telle solution se laisse argumenter. Mais c'est
là précisément que Scholem justifie en profondeur
au-delà des arguments ad hominem son opposition à Goldberg.
La découverte du bien en tant que réalité non-mythique
a, en tant qu'elle entrée dans le monde avec la révélation,
déstabilisé les anciennes tentatives de solution. La tentative
de contraindre le monde du bien à revenir celui du rituel a
été entreprise mille fois et en dernier lieu par Goldberg mais
elle apparait à Scholem philosophiquement intenable. La remythologisation
des concepts théologiques du judaisme par lesquels celui-ci s'est
arraché du monde du mythe a souvent été mise en oeuvre
et Scholem de citer les écrits des kabbalistes . Mais même si
ces essais sont partiellement admirables il n' en sont pas moins inadéquats
en tant que vérité positive concernant la structure du monde
et doivent être combattus80.
Il va de soi que Scholem est justifié dans un certain nombre de ses
affirmations ainsi comme nous l'avons-nous souligné nous-mêmes
sur la contradiction qui existe chez Goldberg entre l'anhistorisme à
propos du Pentateuque et son historicisme concernant les autres livres bibliques
porteurs d'une théologie rationnelle que Goldberg abhorre. En ce qui
concerne ce qu'il énonce à propos de la "philologie" de Goldberg
les choses ont moins simples. Certes Goldberg n'est pas un tenant de la
linguistique universitaire de son temps mais ses étymologies et les
exégèses qui se fondent sur elles sont souvent présentes
dans la tradition et comme F. Rosenzweig le fait remarquer à Scholem
:
« Halten sie die Wortgleichungen der Bibel denn für zufall ? Wir
geraten immer tiefer hinein. Spricht nicht für das Unzufällige
das die Tora selber etymologisiert ? nicht nur Namen sondern viele kultische
Termini ? etwas Exodus 25.21 f. oder Leviticus 6, 2. Im einzelnen ist
natürlich jeder Irrtüm möglich und gerade von dem Entdeckern
des Prinzips fast zu erwarten81 » .
On peut aussi s' accorder avec Scholem pour dénoncer la prétention
de Goldberg à un discours scientifique en usant du langage de la biologie
et on peut ajouter de la physique82. Mais si on laisse de côté
cet habillage pseudo - scientifique de sa pensée, on peut avancer
que l'oeuvre de Goldberg est un essai de réagir à une vision
hyper - rationaliste du judaïsme telle que pouvait la formuler la
génération éduquée par Hermann Cohen.
Si l'on considère son interprétation du rituel Goldberg nous
semble avoir exprimé des vues profondes que l'on peut aisément
rapprocher des interprétations "magiques" du rituel formulés
chez les kabbalistes italiens du XVI° siècle et en particulier
dans l'oeuvre d'un Yohanan Allemano83. On peut encore citer à ce propos
F. Rosenzweig qui dans sa lettre à M. Buber du 24.10.1928 écrit
: "Wenn dasritual' und das 'Gute' mit so glatter Schnittfläsche
in der Bibel zu trennen wären. gäbe es freilich keinen Goldberg
aber auch kein Judentum84". Même pour ce que Goldberg dit "du
côté nocturne de la divinité" on pourrait avancer des
précédents non seulement dans l'exégèse kabbalistique
mais même dans l'exégèse biblique contemporaine.
Même si l'on rejette la lettre de ce que Scholem dénomme la
kabbale polythéiste de Goldberg on ne peut nier que son approche de
la mythologie comme celle d'un Schelling au XIX° siècle soit
souvent plus proche du sens littéral des Écritures que bien
d'autres interprétations. Le paradoxe ici c'est que Scholem lui-même
lorsqu'il a approché la kabbale l'a définie comme "une
remythologisation du judaïsme85". Pourtant toute son oeuvre tend à
légitimer la place de la kabbale et même du sabbataïsme
à l'intérieur de sa conception d'une histoire du judaïsme
conçue sans présupposés dogmatiques. A quoi Scholem
répondrait sans doute que ce qui était légitime jusqu'aux
Lumières ne l'est plus pour des esprits modernes ou post -modernes.
Notre dernière remarque sera de constater que même au niveau
de la réflexion théologique certaines des idées de Goldberg
se trouvent reprises ches des penseurs contemporains. J' en donnerai comme
exemple le livre de Hans Jonas Der Gottesbegriff nach Auschwitz. Eine
jûdische Stimme (1984 Frankfürt am Maïn) où Jonas
expose sa conception d'un Dieu immanent et qui renonce à l'attribut
de la toute-puissance comme "mythe" fondateur86.
Malgré ce qu'il y a d'aberrant dans la pensée d' O. Goldberg
et dans les projets fantasmatiques de son cercle l'oeuvre témoigne
d'une tentative non dénué de signification d'un groupe
d'intellectuels juifs du premier quart du XX° siècle à
vouloir se constituer une nouvelle idendité juive en se
référant à un sens plus originel des Ecritures.
Notes
1. Nahmanide, préface au Commentaire sur le Pentateuque. Cf.
aussi Nahmanide Ecrits I (Ed; Chavel ) Jérusalem 1963,p. 117.
2. Die Wirklichkeit der Hebraër Berlin 1925, pp. 148-157 ; par
la suite nous désignerons le livre sous le sigle Wd H .
3. Wd H pp. 148- 149
4. Wd H pp. 145 -148
5. Wd H p. 16
6. Wd H p. 19.
7. Wd H p. 23.
8. Wd H p. 31.
9. Wd H pp. 32 -33.
10.Wd H, pp. 6 -7.
11.Wd H p. 36. cf. Nb 21,14
12.Wd H p. 61.
13.Wd H pp. 61-66.
14.Wd H p. 66.
15. Wd H p. 34.
16. Wd H p. 34 et p. 136.
17. Wd H p.35.
18. Wd H pp.39-40.
19. Wd H p.146.
20. Wd H p. 39 et p. 142.
21. Wd H p.143.
22. Wd H p.145.
23. Wd H pp. 176-177. c Gn 6,4.
24. Wd H p. 39 et P. 75.cf. Gn 9 12-17.
25. Wd H p. 38.le terme de nitsûtsôt est tiré de la kabbale
loutanique.
26. Wd H pp. 44-46.
27. Wd H p. 47. Goldberg reprend ici comme pour la tour de Babel le commentaire
d'Abravanel sur le Genèse qui développe une critique de la
technique et du politique qui coincide avec ses vues et celles d'Unger.
28.Wd H p. 48.
29.Wd H pp. 71-72.
30.Wd H p.73 et 87
31.Wd H p.78 f.
32.Wd H p.88
33.Wd H p.90
34.Wd H pp.148-149.
35.Wd H pp.149-150 .
36 Wd H pp. 150-151. Pour le déploiement de cette énergie cf.
p.173 f.
37 Wd H pp. 157.
38 Wd H pp. 151.
39 Wd H pp.151-152.
40 Wd H p. 73 f.
41 Wd H pp.153-157.
42 Wd H pp.152-153.
43 Maïmonides p.96. Goldberg se réfère au Sefer Jezira
dans l'édition de L. Goldschmidt, 1894 (les citations de ce livre
de Goldberg publié en 1936 seront par la suite intoduites par le sigle
M)
44. M pp. 96-97.
45. M p. 97.
46. M p. 89.
47. M p. 29.
48. M p. 90.
49. M p. 91 cf. Haguiga II, 1. Dans la même page Goldberg annonce qu'il
prévoit d'écrire un livre sur la kabbale et ses différentes
orientations projet auquel il ne donna jamais suite.
50. M p. 116. Goldberg fournit comme référence : Ernst Müller
Der Sohar das Heilige Buch der Kabbalah Wien 1922 pp. 360-362.
51.Wd H p. 156. Il n'est pas impossible que Goldberg ait aussi connu le livre
de G. LANGER DIE EROTIK DER KABBALAH (1923)
52. M. pp. 91-92. Cf. Wd H p. 75 ainsi que pp. 61- 66.
53. M p. 92 . Cf. Wd H p. 55 et 66.
54 ; Cf. les trentes occurences du commentaire de Rashi dans l'index de la
Wd H.
55. Cf ; entre autres Zohar I 55a. Meir ibn Gabbay
Tôla<at Ya<aqôb Jérusalem 1967 2b Sefer Peliah
Jerusalem, s. d., 63 d.
56. Shem Tov ben Shem Tov, Sefer ha->Emûnôt Jérusalem
1969,19b et Meîr ibn Gabbay <Abodat ha-Qôdesh
Jérusalem 1954, II ch. 18.
57.Wd H pp. 82 - 90. La notion de Berith est au centre de la
réflexion sur le judaïsme de David Koïgen (1879-1933), il
serait étonnant qu'Oscar Goldberg n'ait pas connu les écrits
de Koigen. .
58. Cf. Wd H pp. 39-75
59. Zohar III 183 b - 185 a.
60. idem III 92 b.
61. Cf. R. Goetschel "The conception of Prophecy in the Works of R, Moses
de Leon and R. Joseph Giqatilia ( en hébreu) in JERUSALEM STUDIES
IN JEWISH THOUGHT vol. VIII pp. 217-237.
62. Cf. M. Idel, Messianisme et Mystique, Paris 1994 pp. 19-35.
63. Cf. M. Idel, Hasidism between Ectasy and Magic, Albany 1995.
64. Cf M p.91 et Wd H p. 75.
65. Cf. G. Scholem "Schöpfung aus Nichts und Selbverschrânkung
Gottes" Eranos Jahrbuch 25, 1956 pp. 87-119.
66. M p100.
67. M p. 84.
68. Shemot Rabba 9, 9.
69. Ma<arekhet ha->Elôhût (reprod. de l'ed. de Mantoue
1558), Jérusalem 1963, 199 b. Sur ce motif des Sarim cf. R. Goetschel
"Le motif des sarim dans les écrits de Joseph Giqatilia" in MICHAEL
XI, Tel-Aviv 1989, pp. 9-31.
70. Walter Benjamin Die Geschichte eine Freundschaft, Suhrkamp Verlag
1975 p. 75 . (Le livre sera cité désormais sous WB )
71. WB p. 123 et Von Berlin nach Jerusalem, Frankfurt am Main 1994
p. 182 (cité par la suite sous BJ ).
72. BJ p. 184. Pour les rapports avec Mme; Blavatsky cf. BJ p. 186 et W B
p. 124.
73. WB p. 126.
74 Cf. WB p. 123, il utilise le terme " eine Art biologischer Kabbala "
75 WB p. 123.
76. idem p. 124.
77. ibidem pp. 124- 125.
78. G. Scholem, Briefe Mûnchen 1994 n° 94 An Rosa Okun
pp. 235-237.
79. idem p. 238. Cette phrase ne me semble cependant pas justifier
l'interprétation qu'a fait Unger de l'étude de Scholem sur
Cardozo comme un pamphlet contre Goldberg. Cette afirmation d'Unger me parait
plutôt un prétexte invoqué par Unger pour publier sa
défense et illustation du système de Goldberg.
80. ibidem pp. 238-239.
81. G. Scholem Briefe p. 408. note 1.
82. Ainsi dans W d H p. 23 "die energischen Funktionen" Krâftfeld ",
" hohen Spannungzustande ". P. 74 " Maschinen raum " " dynamo " etc..
83. Là dessus cf. M. Idel "The Magical and Neoplatonic Interpretations
of the Kabbalah in the Renaissance" in Jewish Thought in the Sixteenth
Century (Ed. B. D. Cooperman) Cambridge (Mass.)1983 pp. 186 -242.
84. G. Scholem, Briefe, Mûnchen 1994 p. 407.
85. G. Scholem Les grands courants de la mystique juive, Paris 1950,
p. 20 et pp. 47-50 ainsi que Kabbala und Mythos dans Zur Kabbala und ihre
Symbolik, pp. 117-158, 1973.
86. H. Jonas, Der Gottesbegriff nach Auschwitz. Eine jüdische
Stimme, Frankfürt am Maïn, 1984
Roland GOETSCHEL