Textes de référence

Roland Goetschel 

Université de Paris-Sorbonne

Le rapport d'Oscar Goldberg à la Kabbale

Roland Goetschel: "Oskar Goldberg et la kabbale", préface à la réédition de la Wirklichkeit der Hebraër, édité par le Dr. Manfred Voigts, Berlin (sous presses).

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Le rapport d'O. Goldberg à la kabbale est loin d'être clair. Il convient de tenir compte pour examiner ce rapport de plusieurs facteurs ; en premier lieu ce que Goldberg a avancé explicitement concernant le rapport de son propre système à la kabbale. Ce qui conduit à s'interroger sur la reprise implicite de certaines idées ou de certains schèmes kabbalistiques même si cet emprunt demeure plus ou moins dissimulé ou gauchi par ses propres présupposés métaphysiques. Là-dessus vient se greffer le jugement porté sur sa personne, son cercle et son oeuvre par G. Scholem.

Examinons donc tout d'abord ce que Goldberg lui-même nous déclare concernant la kabbale. Un premier passage intéressant apparait dans son écrit de 1908 "Die fûnf Bûcher Mosis ein Zalhengebäude, die Feststellung einer einheitlich durchgefüfhten Zahlenschrift", où il s'efforce contre la thèse documentaire avancée par la critique biblique de démontrer l'origine mosaïque et l'unité du Pentateuque en se fondant sur la structure numérique des lettres, mots et versets du Pentateuque dont l'ensemble n'est rien d'autre que le déploiement du tétragramme, YHWH. Il se réfère explicitement pour ce faire à ce qu'avance Nahmanide dans sa préface à son commentaire sur le Pentateuque :

“Nous possédons encore une tradition véridique qabbalah shel >emet que toute la Torah est composée de noms divins1”

Il pouvait sembler d'après ce premier écrit que Goldberg allait se situer dans la ligne de l'orthodoxie juive mais sa principale oeuvre DieWirklickeit der Hebräer va amplement démontrer que ce n'est pas le cas. C'est au chapitre neuvième de son livre qu' il nous expose ses vues sur la kabbale2.

Son point de départ est de démarquer la kabbale par rapport au Pentateuque. Il s'exprime ainsi :

« Die Metaphysik des hebräischen Volkes enthält der Pentateuch die der Hebraër als Rasse ist die Kabbalah3 »

Cette défintion présuppose toute la conception métaphysique et historiosophique de Goldberg dont on ne rappellera ici que ce qui est indispensable pour ce dont nous avons à traiter. Goldberg distingue la race des Hébreux en tant qu'elle est un rameau de la race sémitique, l'une des trois grandes races humaines issues de Noé, du peuple hébreu tel qu'il se constitue à partir d'Abraham4.

Chaque peuple qui forme une communauté humaine authentique possède un ou plusieurs centres biologiques d'où il provient. Ces centres biologiques sont les dieux des différents peuples5. Le Pentateuque entend par Shem rendu à l'ordinaire par "nom" l'ensemble du système des relations du peuple à Dieu. L'Elohim ne connaît l'individu qu'à travers le Shem6. Ce dernier signifie la relation dynamique entre le centre - le dieu - et sa périphérie - le peuple - qui se présente comme le champ des forces du divin7. La réalité doit être conçue pour Goldberg comme liée non à l'individu ni à l'humanité mais au peuple. La relation dynamique entre dieu et peuple est une puissance constitutive de réalité. Chaque peuple possèdant un ou plusieurs dieux différents il en résulte que chaque peuple "métaphysique" particulier a sa réalité particulière. Il existe donc toute une série de systèmes du monde métaphysiques qui se distinguent des systèmes du monde naturel par le fait qu'ils sont opposés à ces derniers. Le système du monde, peuple-dieu commence là où cesse la loi de la nature qui vaut pour tous les hommes. Autrement dit les peuples sont des institutions en vue du dépassement des lois de la nature8.

Dans la conception du monde de Goldberg notre monde est l'enjeu d'un conflit entre l'Elohim YHWH qui appartient à la réalité infinie et les autres Elohim les dieux des autres mondes finis qui sont dans son langage des "centres biologiques" auxquels se rattachent chacun des peuples "métaphysiques"9. Ces centres biologiques sont issus d'un domaine qui se situe entre la réalité finie et la réalité infinie c' est le domaine de la limitation de l'infinité, principe génératif de toute biologie et que le Pentateuque désigne comme Tselem Elohim. Ainsi qu'il existe une cassure insurmontable entre la sphère prémondaine et le monde lui-même il existe aussi au niveau de la réalité finie une faille entre l'esprit et la matière. qui correspond à la catégorie de l'organique du biologique qui est le lieu où ce situent les centres biologiques en question10.

Tout le Pentateuque doit être interprété comme un récit du processus d'affrontement des puissances formatrices de la réalité des dieux. Le Pentateuque est l'histoire des relations de l'Elohim YHWH aux autre Elohim c'est l' histoire du déploiement de la force d' YHWH. C'est pourquoi le Pentateuque est dénommé Sefer Milhamot YHWH "Livre des guerres de YHWH11".

Pour comprendre l'enjeu du conflit Goldberg opère les distinctions que voici. YHWH Echad c'est à dire le YHWH l'Un est YHWH comme le Dieu qui pré-existe au monde cependant que YHWH Elohim est le Dieu qui pré-existe au monde dans la mesure où il s'achemine vers ce monde plus précisément dans la partie finie de ce dernier Lorque le dieu qui pré-existe au monde s'investit dans la réalité finie il se soumet aux mêmes lois que les autre Elohim12. Ce qui exclut de lui les attributs dont le pare la théologie traditionnelle, comme la toute-puissance l'omni-présence et l' incorporéité de Dieu. Ce qui entraine encore comme conséquence qu' on ne saurait parler justice absolue de Dieu13 .

Cette limitation de la présence et donc de la puissance de l'originel divin résulte du fossé insurmontable qui sépare le dieu qui préexiste au monde de la réalité finie. Lorsqu'il est effectivement présent il est infiniment plus puissant que les autres Elohim mais l'amener ici est une tâche si difficile qu'elle présuppose toute l'histoire du monde. Mais celle-ci est précisément le processus d'affrontement des Elohim. Les autres Elohim. coexistent de fondation dans la création du monde et surgissent nécessairement avec elle c'est pourquoi YHWH Elohim doit tenir compte des autres Elohim. Le Dieu qui précède le monde ne sera définitivement supérieur que lorqu'il parviendra à acheverl' histoire qui est le procès d' affrontement des Elohim c'est dire à se rendre eschatologique14.

Ce monde-ci le seul qui ne possède aucun centre biologique est le domaine originel de l'Elohim YHWH ; Mais étant donné que ce monde est celui de la plus grande tension les autres dieux veulent aussi prendre possession de ce monde ils agissent comme des "puissances coloniales." pour cela ils doivent établir un "compromis" avec l'Elohim YHWH. Ceci s'est produit avec la création d'Adam lors du sixième jour de la Genèse à la formation duquel a participé non seulement l' Elohim YHWH mais aussi les autres Elohim ainsi qu' il est dit : « Faisons un homme » (Gn 1 26) Mais ceci n' est survenu qu' après que chacun des Elohim ait cherché a créer sa propre humanité originelle. Les animaux sont le résultat de ces tentatives dont d' après Goldberg chaque espèce représente un type humain avorté. Cette formation de races originelles de l'humanité a été empéché par un acte de délibération de l'Elohim YHWH concernant les autres Elohim. Aussi doit-on rapporter l' unité de la race humaine à cette délibération de l'Elohim YHWH. Sa dfférenciation tout ce qui concerne la naissance et la mort est l'oeuvre des autres Elohim dont l'Elohim YHWH n'a pu empécher la participation à l'édification se l'homme originel du Tselem Elohim15.

Du point de vue de l'Elohim YHWH Adam aurait du vivre éternellement l'arbre de la vie du jardin d'Eden incarne cette perspective les autres Elohim qui ont besoin de la différenciation individuelle de la race humaine utilisent leur participation à l'édification de l'humain pour produire cette différenciation.

L'arbre dénommé à l'ordinaire "arbre de la connaisance du bien et du mal" vient signifier l'opposition entre positif et négatif: en lui se fait jour ce qui est opposition, différenciation, sexualité16.

La possibilité de choix offerte à Adam est le résultat d'un compromis établi entre l'Elohim YHWH et les autres Elohim à la suite de la co-participation des deux parties à la création de l'homme. Le serpent de la Genèse est le représentant des Elohim qui dans un premier temps, parviennent à faire expulser l'homme du jardin où il serait devenu d'emblée éternel. On voit ensuite le processus de procréation s'enclencher immédiatement après la transplantation du premier homme17. L'histoire de l'humanité passe d' abord par une phase que Goldberg dénomme cosmo-biologique18. Depuis les origines les autres Elohim cherchent à empécher l'exteriorisation du Shem de l'Elohim YHWH. Des deux fils d' Adam Abel le représentant de la métaphysique se fait assassiner par Caîn l'homme de la possession, ainsi la métaphysique devient-elle vacuité. Adam trouve un substitut à Abel en la personne de Seth lequel engendre Enosh « à partir duquel on commença à invoquer le nom de YHWH » (Gn 4,26). Mais ce fut un début encore faible comme l'indique le nom d'Enosh car par le mélange des races non seulement YHWH mais une masse d'autres Elohim furent invoqués en même temps19. Alors que pendant les six jours de la création les plantes et les animaux apparaissent en conséquence de la disponiblité des force biologiques créatrices cette période créatrice va se clore avec le déluge. Ce dernier est la conséquence de la tentative des autres Elohim de briser le dessein d'unité de la race humaine qu'un acte de délibération de l'Elohim YHWH leur avait imposé. Après quoi les Elohim ont à nouveau tenté de briser le principe d'unité par des voies plus subtiles en créant d'autres races que l'homme par des engendrements originels. Ce sont là les Beney Elohim la progéniture d'autres mondes qui sont directement entrés dans ce monde sans passer par le canal de l'institution de la naissance qui se mêlèrent aux hommes en vue de produire de nouvelles races.

L'époque pré-diluvienne est placée sous le signe du hamas de la violence (Gn 6 11-12)20. Ce terme définit l'âge des formations biologiques défectueuses. Les Elohim ne sont pas seulement le centres transcendants des fonctions biologiques partielles telles qu'elles apparaisent avec les différentes espèces d'animaux mais aussi les centres organiques de l'organisme humain dans sa totalité. Les Elohim s'étant partagés l'homme celui-ci devient le lieu du processus d'affrontement entre les dieux. Tant que le le processus n'est pas encore parvenu à un résultat probant à savoir la stabilisation sous forme de trois principales races le conflit entre les Elohim, ennemis les uns des autres doit se manifester chez l'individu. Ce qui signifie la violence à l'intérieur de l'individu car les contradictions des Elohim des centres-organes s'expriment en lui comme dans un organisme où chaque organe particulier s'oppose à l'autre. C'est dans cette disharmonie des Elohim que se trouve la raison de l'apparition de organismes biologiques défectueux que le Pentateuque désigne sous le terme de Nefilim (Gn 6,4)21. L'humanité se trouve manipulée par les Elohim aussi bien au niveau individuel que par la création de races mêlées entre humain et divin. Il n'existe pas de réciprocité entre les hommes et les dieux; l'homme lui aussi use de contrainte envers le divin par le moyen de la conjuration comme cela est indiqué à propos d'Enosh22. Durant cet âge de la violence le mésusage du Shem atteint un tel paroxisme qu'aussi bien la masse mêlée des nefilim que celle de beney Elohim tentent de le maîtriser et de l'utiliser pour leurs propres fins comme il est dit :

« Ce sont les gibbôrim les puissants qui sont depuis toujours des hommes du nom anshey ha-shem » (Gn 6,4)23.

Cet état de choses devait prendre fin dans l'intérêt de la race humaine et de la réflexion de l'Elohim YHWH qui lui était liée ainsi que du déploiement de son Shem. Ceci se produisit avec le déluge par lequel la terre fut à son tour placée sous le signe du hamas (cf. Gn. 9 11). Une stabilisation du monde s' imposa alors et il fut décidé que l'état de la nature ne serait plus interrompu (Gn 8,22) l'arc en ciel devint dés lors le signe de cette promesse faite à Noé et l'humanité qui allait sortir de lui24.

Le déluge a donc marqué la fin de la période cosmo -biologique et fournit son fondement au,processus d'affrontement anthropo-biologique des Elohim. Trois races humaines procèdent de Noé lesquelles correspondent aux trois éléments de la réalité finie : esprit matière et biologie. La race aryenne est celle qui se tourne vers l'esprit vers ce qui est en haut et cherche à se rapprocher de l'origine de l'esprit de la réalité infinie elle est placée dans le Pentateuque sous l'égide de Japhet. L'autre est préoccupée de la maîtrise de la matière au sens non pas empirique mais transcendant du terme il s'agit ici d'une élevation de la matière (nitsûtsôt) ; c'est là le génie des Sémites et éminemment celui du peuple des Hébreux. Cette métaphysique des Sémites est en une forte compétition avec celle de la troisième des principales races celle des Mongols désignée sous le Pentateuque sous le nom de Ham. La métaphysique des Hamites doit être décrite comme une métaphysique d'une descente dans la matière l'inverse donc d'une élevation de la matière25.

Le récit de la tour de Babel est décrit comme une phase négative de l'histoire de l'humanité dans les termes de Goldberg comme un "processus de fixation", auquel ont présidé les mêmes forces qui ont mis en place la "normalité" de ce monde ces forces ennemies de la métaphysique issues de l'entre-deux biologique situé entre l'esprit et la matière. Lorsque ces forces se rendent indépendantes elles se pressent entre le centre biologique le dieu, et le territoire de son déploiement biologique le peuple qu' elles coupent par là de sa source de puissance. Ces forces ont cherché par l'expression de leur puissance en utilisant des peuples mêlés de peuples qui n'ont plus d'Elohim à se substituer à la métaphysique. Les gens de Babel ont cherché à se faire un Shem (Gn 11,4) par le moyen de la technique c'est dire par le biais d'un organisme basé sur l' artifice. La technique veut se substituer à la métaphysique. Cette substitution de l'artifice à la métaphysique se concrétise dans le gigantisme de la tour de Babel conçue comme un pont par lequel on aura accès au mondes transcendants. Cette tentative sera stoppée par la confusion des langues qui équivaut à la défaite de cette "fixation"26. La fixation cette ennemie née de la métaphysique n'a pas débutée avec Babel. Elle est déjà présente aux origines de l'histoire avec la naissance de Caîn ; alors qu'Eve croit avoir donné naissance à un homme avec YHWH elle engendre en réalité Caïn l'homme de la possession autrement dit le premier-né de la fixation (Gn 4,1). C'est lui qui assassinera Abel le représentant de la métaphysique ; prédécesseur de la lignée métaphysique Seth - Sem. C'est de Caïn que sont issus tous les kaïnites agriculteurs artisans et fondateurs de cités27.

L'avènement de l'état est une conséquence sur le plan factuel de la fixation. Les états sont des pôles opposés aux peuples. Chaque peuple qui se trouve scindé de son dieu se trouve conduit inéluctablement au stade de sa décadence. Ce déclin survient parce que l'on n'a plus affaire dés lors à un peuple mais à une foule d'individus; qui tôt ou tard doivent s'éteindre. Les puissances de la fixation essaient de stopper ce processus de déclin par un ordre humain substitué à l'ordre naturel qui se maintient un certain temps ; c'est cela l'essence de l'état. Le même principe démoniaque qui donne lieu aux impropriétés de la biologie et aux contingences de l'ordre de la nature est aussi l'auteur dissimulé du non sens que constitue l'état28.

L'arrêt des engendrements cosmo-biologiques et de la fondation du système des peuples qui s'y trouve lié a le sens, d'une part de susciter et de hâter la confrontation et le processus de dissociation des Elohim et d'autre part d'amener la cristallisation et la mise en évidence par l' Elohim YHWH de son propre Shem. La tripartition d'Adam en Sem, Ham et Japhet les trois principales orientations métaphysiques signifie que les dieux se séparent désormais les uns des autres et se rendent indépendants. Avec l'ère anthropologique chaque Elohim a désormais son propre terrain de forces son propre peuple sur la terre : tout est prêt pour que la guerre des dieux en vue de la suprématie puisse s'engager (29)!

La fondation de la période anthropologique ne conduit pas cependant d'emblée à la cristallisation et la mise en évidence par l' Elohim YHWH de son propre Shem. Certes YHWH est l'Elohim de Shem davantage qu'il ne fut celui d'Adam. Pourtant deux circonstances font que le "système anthropologique" n'est utilisable par YHWH que d'une manière limitée. En premier lieu pour ce qui concerne YHWH il n'est pas un centre biologique des autres Elohim de la réalité finie. D'autre part en ce qui concerne les Sémites et les Hébreux il sont à l'origine un peuple comme tous les autres (cf. Jos 24,2) ils disposent de centres biologiques comme les autres ils proviennent donc aussi des autre Elohim30. C'est la raison pour laquelle YHWH devait mettre fin à cette chaîne continue qui débuta avec Adam par un acte révolutionnaire introduisant une dicontinuité dans l'histoire : la fondation de son propre peuple. Etant donné que l'Elohim YHWH ne se laisse pas "dériver" au sens d'un centre biologique puisqu'il est issu de la sphère prémondaine et de la réalité infinie il en résulte que la relation entre l'Elohim YHWH au peuple d'Israël repose sur un acte d'élection qui est exprimé par l' acte de la Berit d'un choix réciproque ce qui n'est le cas d'aucun autre peuple ; chez tous le lien entre lui est d'ordre naturel de l'ordre de la descendance. Au contraire il est requis d' Israël d'abandonner le centre biologique d'où il procède ce qui contredit à la nature. On le voit déjà chez Abraham qui aussi bien par la circoncision que par son acquiecement au sacrifice d'Isaac prouve qu'il est disposé à renoncer à instaurer un nouveau mode de vie qui s'oppose à l'ascendant du biologique31.

Cela dit il faut cependant distinguer entre les Hébreux comme race et les Hébreux après Abraham c'est à dire les Israëlites. Le peuple d'Israël est un refondation. Il est à l'inverse du peuple de Hébreux une fondation téléologique qui consiste en ce que une rupture a été consommée avec le centre de filiation à partir de laquelle doit avoir lieu une aspiration vers un but final, le dieu de l'élection. Alors que chaque peuple métaphysique est contraint à servir son centre biologique pour assurer son auto - conservation le peuple téologique dispose du choix à l'égard du culte et de la liberté de volonté à l'égard du dieu vers lequel il tend. Mais le peuple ne sera jamais à l'abri d'une régression dns le biologique comme le montre l'épisode du veau d'or32 (88). Il risque même lorsqu'il abandonne sa vocation de se situer en-dessous du niveau des autres peuples authentiques étant donné son éloignement du centre de filiation. Mais le maintien de ce qu'il y a de corporel dans le peuple issu des autres Elohim malgré sa rupture avec les anciens Hébreux fait que ce corps n'est pas à l'abri d'une forte réaction corporelle en faveur des autres Elohim. D'où la nécessité pour les Hébreux de contrer leur prédisposition métaphysique le Dieu de l'élection se distinguant des autre dieux par son noyau pré-biologique. C'est pourquoi le principe de la métaphysique hébraîque sera : contra naturam vivere33.

Kabbale et Pentateuque

Nous sommes après ce long mais indispensable détour en mesure de comprendre le sens de l'énoncé suivant de Goldberg qui introduit à sa confrontation entre le Pentateuque et la kabbale :

« Die Metaphysik des hebräischen Volkes enthält der Pentateuch die der Hebraër als Rasse ist die Kabbalah34. »

La kabbale est pour lui bien plus ancienne que le Pentateuque lequel se présente comme une protestation contre elle. Ses premiers représentants sont les "puissantes individualités" de la race sémitique et hébraïque Shem et Eber qui comme nous l'a transmis la tradition (Rashi sur Gn 25, 22), sic dixit Goldberg, avaient déjà fondé au temps d'Abraham des instituts de recherche où l'on traitait de la métaphysique du Shem YHWH au sens pré-abrahamide de l'hébraïsme en tant que race. A l'époque de Moïse on verra l'ancienne métaphysique sémitique se dresser contre le peuple hébreu lorsque le peuple d'Israël se trouvera menacé dans on existence par les magiciens de race hébraîque à savoir les Araméens. Bileam ce magicien qui vient maudire Israêl a un nom qui signifie " sans peuple" il est un "individu" et vient de la ville de Pator (terme qui signifie interprète des songes) sur l'Euphrate. Sa force qu'il met au service de Moab et de Midian repose sur la puissance des races antérieures. Lui-même aussi bien que Moab et Midian font partie de la race hébraïco-araméenne à laquelle appartenait également Abraham. C'est donc ce monde araméen qui engage une épreuve de force avec Israël par Bileam interposé lequel use pour cela de la métaphysique du Shem YHWH (Nb 22, 18). Le combat engagé entre Bileam et le peuple hébreu est du même coup d'après Goldberg l' affrontement de deux méthodes métaphysiques celle de kabbale au sens large du terme et celle du Pentateuque affrontement dont la métaphysique du Pentateuque sortira vainqueur35.

On voit par là que Goldberg émet d'emblée un jugement de valeur négatif concernant la kabbale. Il dégage ensuite plusieurs couples d'opposition qui servent à définir les deux systèmes métaphysiques qui s'affrontent :

1 ) L’opposition entre individu et peuple.

Le terme de kabbale qui signifie prise en charge naît de ce que la métaphysique d'un "individu" qui est en possession d'une dynamis est transferée à un autre, se trouve transmise à lui. La métaphysique de la kabbale correspond au principe selon lequel la génération spontanée métaphysique la fondation d'une race s'étant produite. La puissance métaphysique des fondateurs de la race dans notre cas le Shem, ne peut réapparaître chez des représentants postérieurs de la race que si elle se trouve soit transmise conformément à l'étagement généalogique c'est à dire par lignée et naissance ; soit qu'elle se trouve prélevée à partir d'un "individu puissant" d' une autre membre d'une race moins douée. Quoique la métaphysique du Pentateuque soit également liée à la fondation et par là à un processus de transmission, le système du peuple fondé à l'opposé du peuple apparu à travers un procès de développement est une disposition orientée vers le futur qui est dès l' origine disposé de telle manière qu'elle porte en soi la possibilité non seulement de l'entretien mais aussi de la production et de l'accroissement de la dynamis36. Que la kabbale se présente comme un ésotérisme en rapport avec salut individuel se vérifie avec le hassidisme dans lequel Goldberg s'accorde à voir avec Buber la traduction de la kabbale en éthique. La kabbale se voit donc qualifiée de non-politique ; elle ne connait pas d'institution du peuple à l'inverse de la métaphysique éxotérique du Pentateuque37.

2) Ésotérisme et exotérisme

La kabbale étant une une métaphysique de l'individu est nécessairement une méthodologie de l'interiorité à l'inverse de la métaphysique du peuple qui est une technique tournée vers l'extérieur. De là découle que tout le domaine des mesures "ésotériques" et des opérations "magiques" s'inscrit à l'intérieur de la métaphysique sémitique dans celle de la kabbale et non dans celui du Pentateuque. La kabbale est un ésotérisme le Pentateuque un exotérisme, une "politique" non au sens trivial du terme mais au sens d'une "ûbersinnliche Weltpolitik". Cette politique consiste à insérer la matière morte dans le domaine du supra- sensible38.

3) L'opposition entre le magicien et le prophète.

Les "puissantes individualités" : sont semblables à de grands capitalistes qui peuvent céder à d'autres une partie de leur capital ; sans aucune contrainte. C'est là la différence entre les individualités à puissance métaphysique les magiciens de la kabbale et les prophètes du Pentateuque. Les individualités représentants des suites généalogiques sont des aristocrates alors que le prophète est nécessairement un homme du peuple ; car il oeuvre à l'aide des forces transcendantes du peuple dont il tire son pouvoir.

L'ensemble des congénères du magicien ne tire aucun avantage de la puissance du magicien car elle est égoîste alors que l'activité du prophète est altruiste : le prophète est au milieu du peuple alors que le magicien se sépare de celui-ci39.

4) L'opposition dans le rapport aux noms divins

Le "individualités puissantes" étant à considérer comme des lieux de condensation de beaucoup d'Elohim le Shem de l'Elohim YHWH qui se trouve lié aux noms des autres Elohim ne peut s'exprimer dans sa pureté 40. Il en découle que tant l'Elohim YHWH se trouve encore à l'intérieur du monde sémitique son nom demeure impur (cf. Gn. 25 6). A l'opposé du Pentateuque dont la tâche est de gagner le vrai nom de l'Elohim YHWH la racine de la kabbale réside dans le mélange des noms (c'est à dire dans le système de la réalité pré-diluvienne) qui procède de l'état de mélange anté- diluvien des Elohim. La kabbale est donc un usage anté-déluvien de se comporter avec le Shem.

5) Conjuration et sacrifice

Le moyen d'action de la métaphysique kabbalistique est de contraindre les dieux conjuration qui vulgairement est nommée prière. Il ne s'agit en rien de la prière-demande de la religion universelle tardive. Ce n'est que dans le dévellopement plus tardif de la kabbale que la prière de l'individu devient un substitut de la conjuration laquelle est le moyen métaphysique indispensable ausi longtemps que dure la période de la "kabbale" de la pré-puissance du peuple c'est à dire jusqu'à ce que se produise le résulat final du processus de démétissage du peuple. La prière est également plus tard le substitut total du sacrifice, lequel est lié à une institution du peuple tant qu'une disposition publique centralisée existe. Par rapport à ceci le Pentateuque ignore le culte de la prière car celle-ci est de nature intérieure et privée. Il ne connaît que le culte sacrificiel public pratiqué par l'ensemble du peuple qui est la vraie antithèse du précédent. Les forces qui y sont liées promeuvent pour le peuple une force politique transcendentale. C'est la fonction du rite et de la tente d'assignation de mettre en oeuvre cette politique41.

L'Histoire de la Kabbale selon Goldberg

Nous avons vu que pour Goldberg, la kabbale est bien plus ancienne que le Pentateuque lequel se présente comme une protestation contre elle. Le plus ancien témoignage écrit est à ses yeux le Sefer Yetsirah lequel occupe une place particulière car il n'appartient ni à la métaphysique typique de la kabbale ni à celle du Pentateuque il se tient entre les deux . C'est la raison pour laquelle l'attribution de son système à Abraham lui apparait historiquement fondée. Ce qui lui permet de'atténuer quelque peu son opposition entre les deux métaphysiques lorqu'il écrit :

"De même qu'il existe une zone d'indifférenciation entre peuple et individualité il en existe une entre kabbale et Pentateuque ; ces deux zones convergent dans la personne d'Abraham et dans une certaine mesure d'Elie42."

Dans son Maïmonides il ira plus loin encore en déclarant : "la kabbale est ce qui se trouve le plus près du temps du Pentateuque. De la même manière que celle-ci a précédée la Torah de la mème manière elle l'a suivie43" Il va jusqu'à écrire que cette succession ne se produit : "evidemment pas en tant que tendance opposée contre le Pentateuque. mais en tant que développement historique ultérieur inconscient pour ses porteurs qui n'a jamais totalement perdu son rapport avec le Pentateuque44"

Lorsqu'au moment de l'exil de Babylone en 586, le culte hébraîque cessa d'exister il ne subsista qu' aussi longtemps qu'existaient les tables de la Loi supports de la présence divine des représentants éminents de l'orientation kabbalistique surgirent du milieu de l'exil : Ezechiel et sa vision de la merkaba et Daniel avec ses interprétations des songes et ses calculs de la fin des temps. C'est donc précisément au moment où l'héritage de l'hébraïsme est en danger du fait de cessation du culte sacrificiel lors de la destruction du Temple salomonien que les représentants de l'orientation kabbalistique que sont pour Goldberg d' un côté Ezechiel qui décrit la Merkaba et d'autre part Daniel le seul représentant de la littérature apocalyptique qui se soit trouvé inclu dans le canon de la Bible hébraïque se mettent à écrire45.

De même que la kabbale a réussie à se glisser à l'intérieur de la Bible elle est aussi parvenue à se loger à l'intérieur du Talmud. Son lieu de prédilection est le domaine de l'aggadah. Il existe en effet manifestement dans le Talmud des aggadot qui n'ont aucun rapport avec le Pentatauque ce sont les aggadot kabbalistiques du Talmud46. Goldberg en fournit un exemple en citant sans le nommer l'enseignement de R. Abahu selon lequel Dieu a créé des mondes et les a détruit.

Le Talmud ne distingue pas entre ces deux types d'aggadot parce que les talmudistes n'ont pas séparé les aggadot relatives au Pentateuque de celles qui étaient de nature kabbalistiques. Ce qui s'explique par le fait que celui qui transmet le Talmud et la kabbale sont une et même personne. C'est encore le cas au Moyen-Age pour des personnalités comme Yehudah be Yaqar Nahmanide ou Todros Aboulafia47. C'est cette union des deux traditions en une personne qui explique que lors des polémiques autour de Maïmonide les talmudistes et les kabbalistes aient constammant fait front commun contre Maïmonide. Goldberg prétend même qu'il n'y a jamais eu de conflits entre talmudistes et kabbalistes48.

Pourtant certains d'entre ces maîtres ont eu conscience. de l'étrangeté de la kabbale par rapport à la Thora et ont essayé de la surmonter . Ils ont tenté d'abord d'interdire toute discussion publique de sujet kabbalistique49. Ils se sont efforçé de surmonter les différences qu'ils ressentaient entre la kabbale et la Torah en rédigeant le Zohar qui se présente sous la forme d'un commentaire du Pentateuque. Le signe de l'authenticité du Zohar réside en ce qu'il a annoncé pour notre époque la disparition des reste du culte et l'épuisement des matières premières la décadence et le messianisme. Ceci indique que le Zohar est un authentique "livre saint de la kabbale"50.

C'est sans aucun doute également au Zohar que Goldberg fait allusion lorqu'il écrivit dans la Wirklichkeit der Hebraër :

« Dans les écrits tardifs de la kabbale se reflète à nouveau leur origine sémitique ainsi l'insistance sur "l' autre côté de la divinité" et le "penchant érotique" qui s'étend à travers beaucoup d'écrits kabbalistiques fait remonter à la surface l'état de mélange des Elohim51. »

La doctrine kabbalistique

Dans un important passage de son Maîmonides Goldberg confronte sa Weltanschauung avec celle de la kabbale identifiée avec la kabbale lourianique. Après avoir évoqué les oppositions formulées dan sa Wirklichkeit der Hebraër qui portaient davantage sur la forme il s'efforce là de cerner les différences dans le contenu. Pour la kabbale le monde est édifié de manière polaire : elle se se compose de forces opposées ; positives et négatives de masculin et de féminin Il s'agit de réunifier les forces antagonistes pour rétablir l'équilibre du monde : l'harmonie des forces ; mais il n'y pas pour elle de forces mortes ; même la matière apparemment morte contient encore des étincelles de vie. La finalité mondiale de la kabbale réside donc en ceci : unifier toutes les forces de vie masculines et féminines en vue d'une grande harmonie en une une personne - monde. C'est l'hermaphrodite qui unit en lui le masculin et le féminin. Il ajoute que c'est de cette position que découlent tous les théories occidentales de "l' âme du monde". Le Pentateuque dit : l'équilibre est l'harmonie l'harmonie est la beauté mais la beauté n'est pas la justice. Pour la Thora il s'agit de justice.; il existe donc un devoir d'arriver au-delà de l'être poli, de la beauté de l' équilibre. La fin cosmique de la Thora : d' amener le monde au-delà de son point mort et sortir hors de la polarité. Le but de la kabbale ne peut réaliser que l'homme seul même s'il ne s'agit que du puissant individu supra-sensible. Le but du Pentateuque porte sur la divinité elle-même car il n'est que Dieu qui puisse progresser contre les champs de force finies et limitées en tant qu'elle les brise et fait surgir toujours plus de de l'infinité c'est à dire sur la voie de la toute-puissance52.

Conformément à cela, il faut, d'après Goldberg distinguer fondamentalement entre l'idée de création dans le Pentateuque et dans la Kabbale. La kabbale connait le Zizum la contraction de la divinité. L’idée de contraction dans le Pentateuque est toute différente. La distinction est la suivante. La contraction du divin dans la Kabbale a lieu avant le monde alors que d'après la Torah elle se situe à l'intérieur du monde. La Kabbale demande: comment le monde est-il apparu? elle répond : le monde est apparu parce que Dieu lui-même s'est limité afin que le monde vienne à l'existence. A partir de cette partie en vue de laquelle il s'est d'une certaine manière raccourci pour que le monde advienne. Aussi ce monde est-il une partie de Dieu D'où cette conséquence Dieu n'est pas le monde mais le monde est une partie de Dieu. La Thora au contraire enseigne que Dieu n'a pas eu besoin de se limiter pour fabriquer le monde car Dieu a fabriqué le monde à partir du néant. Le monde n' est pas Dieu mais a surgi du néant à partir de la toute - puissance divine. Dieu n'a besoin de se restreindre que lorsqu' il veut pénétrer dans le monde. La kabbale au contraire du Pentateuque, laisse donc procéder le monde de Dieu émaner de lui. Il s'agit donc d'une doctrine de l'émanation. Toutes les théories de l'Occident qui établissent une égalité entre Dieu le monde et la nature ainsi chez les stoîciens et Spinoza descendent de la kabbale. Le Pentateuque est la seule position qui scinde et oppose une manière conséquente Dieu et le monde, il est le seul à énoncer la toute-puissance divine d'une manière qui soit cohérente53.

Examen critique de la conception de la kabbale de Goldberg.

Un historien de la kabbale en particulier et de la pensée juive en général ressent d'abord un sentiment de perplexité devant les affirmations souvent marquées d'ambivalence de Goldberg. Ainsi le voit-on opposer successivement Pentateuque et Bible Pentateuque et Talmud Pentateuque et kabbale ce qui pris à la lettre identifierait le judaîsme de Goldberg à une sorte de néo-sadducéisme ou de néo-caraïsme. Paradoxalement, on sent souvent derrière l'argumentation de Goldberg une connaisance poussée des sources traditionnelles dont témoigne en particulier le nombre important de citations qu'il fait du commentaire de Rashi même s' il gauchit parfois l'interprétation du maître de Troyes conformément à ses propres vues54.

Ceci est également valable pour le domaine de la kabbale compte tenu de l'époque où il expose ses vues en ce qui la concerne. Prenons par exemple son affirmation d'après laquelle la kabbale serait plus ancienne que le Pentateuque. Il est certain qu'une telle affirmation prise en tant que telle pourrait s'appuyer sur des textes kabbalistiques anciens d'après lesquels non seulement Shem et Eber auraient été l'objet d' une révélation esotérique particulière mais cela aurait été le cas pour Adam également55. Mais pour les kabbalistes la kabbale ne s'oppose jamais au Pentateuque elle est conçue toujours comme l'aspect ésotérique de la Loi orale confiée à Moïse au Sinaï et transmise depuis lors à travers la chaîne des maîtres de l'arcane56 .

Si Goldberg a bien mis en valeur le concept de Berith, d'alliance, constitutive de l'hébraïsme on ne saurait affirmer que cela s'opère en discontinuité complète avec le passé hébraïque57. Goldberg lui-même n'évoque- t-il pas l'alliance conclue avec Noé qui atteste comme il l'affirme d'une stabilisation de de la nature mais qui est contrairement à ce qu'il avance, un premier contrat conclu entre Dieu et l'humanité toute entière figurée par Noé58. C'est dans le sillage de l'alliance noahide que se spécifiera l'alliance avec les patriarches et avec le peuple d'Israël tout entier.

De même si Balaam est bien présenté par le Zohar comme un magicien ce livre prend soin de distinguer clairement entre l' action théurgique et l'action du magicien ou du sorcier59. La connaissance des principes immanents à la création permet à l'homme d'agir sur la création toute entière y compris sur le monde divin. A partir de là, deux types d'action sont alors possibles pour l'homme :

L' une est positive c'est celle du Juste quit agit sur le monde divin pour unifier le monde divin tous les mondes entre eux et dispenser la bénédiction. Citons à ce propos un passage du Zohar :

« Nous avons appris que par l'action d'en -bas s'éveille l'action d'en-haut Si l' homme accomplit une action adéquate en-bas il éveille une force adéquate également en-haut. Lorsque l'homme exerce sa bonté en bas, il suscite la bonté en-haut qui demeure toute la journée et qui sucite un réveil à cause de lui.. Heureux celui qui acomplit une action valable en-bas car partout l'effet dépend de l'action : savoir éveiller autre chose en haut60"

L'autre action est négative : l'homme au lieu d'agir sur le côté de la sainteté peut ausi adhérer à l'autre côté la sitra >ahra en pratiquant la sorcellerie. L'attitude intérieure est différente dans chaque cas. Alors que le mystique veut donner le mage veut recevoir. L' étude de la Torah la prière et l'observance des préceptes sont présentés par la le Zohar comme de actes de théurgie éminemment positifs et servent de défense contre les pouvoirs du démon .Inversement le côté du mal la sitra >ahra est identifiée avec la sorcellerie dont les messagers : sont les démons ou âmes esprits malfaisants .

Bien loin d'être un magicien le kabbaliste de la kabbale théosophique se situe dans la lignée des prophètes et interprète tout le prophétisme selon une conception semblable à celle de l'intentionnalité de la prière kabbalistique61. Ce qui est vrai dans le cadre de la kabbale théosophique l' est encore davantage dans le cadre de la kabbale prophétique d'un Abulafia et de ses disciples où le kabbaliste estime pouvoir renouer avec le don de la prophétie. Car même si le courant de la kabbale extatique se présente davantage comme anthropocentrique que l'oriention théosophique il n'empèche que même ce type de mystique ne se désintéresse pas de l'ensemble de la collectivité. Ce n'est pas l'effet d'un hasard si Abraham Abulafia exprima des prétentions messianiques 62. Même dans le cas du hassidisme où nous sommes en présence d'un modèle que l'on a pu qualifier de magico - extatique le Zaddiq accomplit par sa prière extatique et par ses interventions auprès du monde céleste non seulement son salut personnel mais prend en charge le destin de toute la communauté de ses dévots de ses hasidim et à la limite celle de tout Israël 63.

Qu' à certaines époques de la mystique juive on ait pratiqué des conjurations et mis en oeuvre des pratiques magiques ainsi dans la mystique des Heykhalot ou celle des Hasidey Ashkenaz est chose évidente. Que l' oraison kabbalistique puisse se dégrader en magie est peu contestable mais cela ne suffit pas à valider la typologie de Goldberg qui voudrait rejeter l'ensemble de la kabbale du côté de la magie.

Qu'en est-il des distinctions doctrinales que Goldberg a énoncées dans son Maimonides ? Là également Goldberg énonce un certain nombre de choses valables ainsi lorsqu'il dit que le monde pour la kabbale est édifié de manière polaire et qu'il s'agit pour le kabbaliste de réunifier les forces antagonistes pour rétablir l'équilibre du monde, l'harmonie des forces. Il définit aussi avec bonheur la finalité de la kabbale lourianique en afirmant qu'elle veut tout unifier dans l'Adam Qadmon64.

Mais là aussi Goldbeg outrepasse ce qu'il glane dans les sources. Si la kabbale valorise l'harmonie et la beauté elle n'ignore pas la justice toute la finalité de la prière kabbalistique est d'unifier les différentes valeurs fondamentales et en particulier justice et miséricorde et ce faisant d' agir sur le divin lui-même.

Il est d'autre part paradoxal de voir Goldberg opposer la doctrine de la création ex nihilo en tant qu'expression du Pentateuque. à la doctrine lourianique du Zimzum . En effet le reproche de panthéisme fait à la kabbale provient en droite ligne des conceptions philosophiques et théologiques que Goldberg abhorre et dont la source n'est autre que le livre de J. G. Wachter, Der Spinozismus im Judenthumb (1699). Goldberg ici se retrouve un peu dans le rôle de Mendelssohn qui tentait de se dissocier de l'accusation de spinozisme portée par Jacobi contre Lessing. Historiquement c'est pour répondre aux difficultés de la notion de création ex nihilo que les kabbalistes ont donné un nouveau sens aux notions d' être et de néant. Le concept de Zimsum a plus tard eu précisément pour fonction d'établir une coupure entre Dieu et le monde qui empèche la confusion entre les deux ce qui établit une distincttion nette d'avec un pur émanatisme de type néo-platonicien65.

On ne voit pas non plus en quoi l'idée de rassemblement des étincelles contredit comme il le prétend à l'idée de berith66. Lui-même actualise cette idée de rassembler les étincelles de sainteté dans son Maîmonides en invitant ses fidèles à la recherche des " verbliebene reste von Urzeugungskräften" 67.

Si l'on veut revenir à présent pour utiliser un language bergsonien, à l'intuition fondamentale de Goldberg dans sa vision du judaîsme du Pentateuque et de la Kabbale elle me semble résider dans le motif du conflit entre l' Elohim YHWH qui appartient à la réalité infinie et les autres Elohim, les centres biologiques des différents peuples qui sont les dieux des peuples, conflit qui doit s'achever eschatologiquement par la manifestation de la toute puisance infinie dans le monde fini. Derrière l'habillage biologique On retrouve ici un thème déjà présent dans la littérature juive depuis le livre de Daniel et qui a été transmis à la kabbale à travers la littérature apocalyptique et midrashique. Il s'agit du thème des archontes auxquels se trouve dévolu le gouvernement des peuples et qui sont solidaires de leur destin. Il nous suffira de citer trois textes qui parlent d'eux-mêmes. D'abord le verset 9 du chapitre trente deux du Deutéronome dans la version de la Septante : "Il a établi le territoire des peuples selon la nombre des anges de Dieu kata arithmon aggelôn theou." Dans le midrash Shemot Rabba on déclare à propos du passage de la mer rouge :

"Le Saint-béni-soit-Il déclare : Je frapperai la divinité d'abord et ensuite son peuple68". Comme témoin kabbalistique citons le Ma<arekhet ha- >Elôhût rédigé dans l'école de Nahmanide :

"Et des soixante -dix rameaux de l'arbre procèdent les soixante-dix archontes qui gouvernent les soixante -dix peuples. Les archontes sarîm sont dénommés les dieux des peuples69". C'est ce motif qui me parait le noyau originel de toute la lecture que pratique Goldberg du judaïsme. Il est en quelque sorte structurellement l'équivalent du motif du bris des vases dans la kabbale lourianique dont on ne trouve pas de mention explicite et ce n'est peut-être par un hasard dans les écrits de Goldberg.

En guise de conclusion

Pour achever nos réflexions considérons à présent les jugements émis par Scholem sur Goldberg. Pour bien faire il me semble qu'il convient de discerner entre l'attitude de Scholem concernant la personne de Goldberg et l'analyse qu'il fait de ses écrits.

A lire les pages que Scholem a consacré à O. Goldberg et à son cercle que ce soit dans "Walter Benjamin Die Geschichte einer Freundschaft" ou dans son Von Berlin nach Jerusalem on constate que Scholem professait une anthipathie très profonde pour l'homme. Il le présente physiquement comme "Ein kleiner dicker Mann von der Erscheinung eines Ölgötzen" (cf l'expression wie ein Ölgötsen dastehen) ce qui n'est vraiment pas charitable70. Psychologiquement Goldberg est décrit comme un homme en proie à des états schizoïdes qui l'amenaient avant le réveil à des états crépusculaires où il était l'objet de visions à partir desquelles il tirait son autorité auprès de ses disciples71. S'étant d'après Scholem ce qui reste à prouver détaché de théosophie professée par Mme. Blavatzky Goldberg devient un chef de "secte" qui exerçait une forte volonté de puissance sur ceux qui l'approchaient. Sa pensée ne manquait pas, nous dit-on, d' un éclat luciférien au point que Scholem est allé dans une conversation tenue en septembre 1921 avec Dora Hiller la future femme de Goldberg jusqu'à traiter Goldberg de représentant du diable de Samaël dans notre génération72. Scholem rappelle également non sans une certaine délectation que Thomas Mann après, s'être basé sur les conceptions métaphysiques de Goldberg dans son roman sur Joseph inclus dans ses "Geschichten Jakobs" a exprimé ensuite sa gratitude à l'égard de Goldberg en le présentant dans son "Doktor Faustus" sous les traits du Dr. Chajim Breisacher lequel expose une sorte de métaphysique hyper-nazie une théorie magique des races en recourant au vocabulaire de Goldberg73.

Ce portrait scholémien de Goldberg parait, avec le recul des années empreint de passion et peu objectif. Il s'explique par l'itinéraire personnel de Scholem à la recherche dans les années vingt d'un approche de la kabbale qui intégrerait ce domaine dans la champ des études juives et la mettrait à la place qui lui convient dans l'histoire juive. Pour cela il lui fallait s'écarter tout à la fois du rationalisme professé par les tenants de la "Wissenschaft des Judentums" qui ne voyaient dans toute mystique qu'une pure Schwärmerei mais aussi savoir résister à la tentation, la violence même de son propos contre le groupe de Goldberg l'atteste de participer à un cercle organisé autour d'un personnage doué incontestablement d'un pouvoir charismatique et que fréquentèrent des personnalités telles que Walter Benjamin qui s'intéressa au activités du groupe comme Scholem le reconnaît lui-même, jusqu' à l'époque hitlérienne.

Venons en à présent sur les jugement que Scholem a porté sur les écrits de Goldberg aussi bien dans les deux livres cités précédemment que dans sa fameuse lettre du 23 aout 1928 adressée à Rosa Okun sur la "Wirklichkeit der Hebraër". Il commence par dénoncer l'amagame de perspectives valables avec un délire non déguisé en un prétendu système reposant sur un ontologie "constatative" naïve qui a pris une forme grandiose. Scholem déclare qu'il est à la fois opposé au système qui se trouve exposé dan le livre et sur la "méthode philologique" sur laquelle il repose. Goldberg a substitué à une approche philologique sérieuse une mystagogie de la grammaire et de l'étymologie qui a poussée sur un sol théosophique démarche que Scholem balaie d'un revers de la main. Goldberg se rattache par ses interprétations en particulier à propos des Urwörter qui comprennent en eux un sens et son contraire se situent dans la ligne d'un Fabre d'Olivet et d'autres orientation depuis longtemps abandonnée par toute la science du langage. Ce qui apparaît si l'on met de côté sa philologie est un authentique système gnostique rendu tolérable par la terminologie moderne de la biologie74. Scholem fait encore ressortir que le point de départ de ce qu'il qualifie de "toute récente démonologie" est la conviction que le Pentateuque tel que nous le possédons actuellement est l'authentique document que l' Elohim YHWH a mis par écrit littéralement et dans tous ses détails pour entrer en relation avec son peuple. La conception d'un tel "corpus mysticum" qui nie tout le travail des massorètes jusqu'à Bar Asher est cohérent dans une conception strictement orthodoxe du judaïsme inspiré par la kabbale. Mais comment Goldberg peut-il y adhérer alors qu'il admet par ailleurs un processus de "théologisation" à l'oeuvre dans les livre de la Bible ce qui suppose toute une histoire des écrits bibliques. Tout repose ici sur des fantasmes qui se retrouvent aussi dans les cinq pages qu' il consacre à la kabbale dans "Wirklichkeit der Hebraër". La manière de penser de Goldberg respire en tout cela l'esprit du pilpul où la raison ne contrôle rien. Rien ne vient justifier sinon la construction du monde, cette kabbale biologique polythéiste qui forme le coeur de l'ouvrage. Son affirmation que la mythologie est une "science expérimentale" relève du pur verbiage. Certes les interprétations mythologiques gnostiques et les conceptions de Goldberg ne sont, d'après Scholem rien d'autre que de telles vues énoncent que le contenu du mythe est une fois réellement advenu c'est ce qui aurait jadis été experimenté par un prêtre ou un prophète. Mais cela reste précisément à démontrer ! Dans son livre sur Benjamin Scholem met l'accent sur le fait que Goldberg interprète le rituel de la Torah comme un continuum de magie parfaite75. Par le centre biologique qu'il constitue avec son cercle Goldberg tente de rétablir le le lien magique entre Dieu et son peuple. Le cercle de Goldberg s'est constitué en l'absence de toute concurrence comme l' écrit Scholem avec son ironie mordante, en un Volkszentrum ayant des objectifs métaphysiques impérialistes76. Ainsi prend -t- il ausi à partie Unger pour son "Die staatenlose Gründung eines jüdishes Volkes" publié en 1922, ce qui se comprend aisément pour un sioniste comme Scholem77. Aussi pour Scholem le vrai sens du titre de la "Wirklichkeit der Hebraër" devrait être : "Die Wirk(lichkeit) der Hebräer oder warum sollen wir Frankisten werden"78. La théorie et la pratique de Goldberg ne sont donc à ses yeux qu' une nouvelle forme du frankisme et donc de faux-messianisme79.

Il reconnait cependant aux gens du cercle de Goldberg et spécialement à Unger, le mérite d'avoir saisi l'urgence d'apporter une solution politique aux problèmes psycho-physiques solution qui ne manque pas de grandeur malgré sa tendance démoniaque. Scholem admet aussi que l'idée selon laquelle le monde mythique est arrivé plus près que nous d'une telle solution se laisse argumenter. Mais c'est là précisément que Scholem justifie en profondeur au-delà des arguments ad hominem son opposition à Goldberg. La découverte du bien en tant que réalité non-mythique a, en tant qu'elle entrée dans le monde avec la révélation, déstabilisé les anciennes tentatives de solution. La tentative de contraindre le monde du bien à revenir celui du rituel a été entreprise mille fois et en dernier lieu par Goldberg mais elle apparait à Scholem philosophiquement intenable. La remythologisation des concepts théologiques du judaisme par lesquels celui-ci s'est arraché du monde du mythe a souvent été mise en oeuvre et Scholem de citer les écrits des kabbalistes . Mais même si ces essais sont partiellement admirables il n' en sont pas moins inadéquats en tant que vérité positive concernant la structure du monde et doivent être combattus80.

Il va de soi que Scholem est justifié dans un certain nombre de ses affirmations ainsi comme nous l'avons-nous souligné nous-mêmes sur la contradiction qui existe chez Goldberg entre l'anhistorisme à propos du Pentateuque et son historicisme concernant les autres livres bibliques porteurs d'une théologie rationnelle que Goldberg abhorre. En ce qui concerne ce qu'il énonce à propos de la "philologie" de Goldberg les choses ont moins simples. Certes Goldberg n'est pas un tenant de la linguistique universitaire de son temps mais ses étymologies et les exégèses qui se fondent sur elles sont souvent présentes dans la tradition et comme F. Rosenzweig le fait remarquer à Scholem :

« Halten sie die Wortgleichungen der Bibel denn für zufall ? Wir geraten immer tiefer hinein. Spricht nicht für das Unzufällige das die Tora selber etymologisiert ? nicht nur Namen sondern viele kultische Termini ? etwas Exodus 25.21 f. oder Leviticus 6, 2. Im einzelnen ist natürlich jeder Irrtüm möglich und gerade von dem Entdeckern des Prinzips fast zu erwarten81 » .

On peut aussi s' accorder avec Scholem pour dénoncer la prétention de Goldberg à un discours scientifique en usant du langage de la biologie et on peut ajouter de la physique82. Mais si on laisse de côté cet habillage pseudo - scientifique de sa pensée, on peut avancer que l'oeuvre de Goldberg est un essai de réagir à une vision hyper - rationaliste du judaïsme telle que pouvait la formuler la génération éduquée par Hermann Cohen.

Si l'on considère son interprétation du rituel Goldberg nous semble avoir exprimé des vues profondes que l'on peut aisément rapprocher des interprétations "magiques" du rituel formulés chez les kabbalistes italiens du XVI° siècle et en particulier dans l'oeuvre d'un Yohanan Allemano83. On peut encore citer à ce propos F. Rosenzweig qui dans sa lettre à M. Buber du 24.10.1928 écrit : "Wenn das’ritual' und das 'Gute' mit so glatter Schnittfläsche in der Bibel zu trennen wären. gäbe es freilich keinen Goldberg aber auch kein Judentum84". Même pour ce que Goldberg dit "du côté nocturne de la divinité" on pourrait avancer des précédents non seulement dans l'exégèse kabbalistique mais même dans l'exégèse biblique contemporaine.

Même si l'on rejette la lettre de ce que Scholem dénomme la kabbale polythéiste de Goldberg on ne peut nier que son approche de la mythologie comme celle d'un Schelling au XIX° siècle soit souvent plus proche du sens littéral des Écritures que bien d'autres interprétations. Le paradoxe ici c'est que Scholem lui-même lorsqu'il a approché la kabbale l'a définie comme "une remythologisation du judaïsme85". Pourtant toute son oeuvre tend à légitimer la place de la kabbale et même du sabbataïsme à l'intérieur de sa conception d'une histoire du judaïsme conçue sans présupposés dogmatiques. A quoi Scholem répondrait sans doute que ce qui était légitime jusqu'aux Lumières ne l'est plus pour des esprits modernes ou post -modernes.

Notre dernière remarque sera de constater que même au niveau de la réflexion théologique certaines des idées de Goldberg se trouvent reprises ches des penseurs contemporains. J' en donnerai comme exemple le livre de Hans Jonas Der Gottesbegriff nach Auschwitz. Eine jûdische Stimme (1984 Frankfürt am Maïn) où Jonas expose sa conception d'un Dieu immanent et qui renonce à l'attribut de la toute-puissance comme "mythe" fondateur86.

Malgré ce qu'il y a d'aberrant dans la pensée d' O. Goldberg et dans les projets fantasmatiques de son cercle l'oeuvre témoigne d'une tentative non dénué de signification d'un groupe d'intellectuels juifs du premier quart du XX° siècle à vouloir se constituer une nouvelle idendité juive en se référant à un sens plus originel des Ecritures.


Notes

1. Nahmanide, préface au Commentaire sur le Pentateuque. Cf. aussi Nahmanide Ecrits I (Ed; Chavel ) Jérusalem 1963,p. 117.

2. Die Wirklichkeit der Hebraër Berlin 1925, pp. 148-157 ; par la suite nous désignerons le livre sous le sigle Wd H .

3. Wd H pp. 148- 149

4. Wd H pp. 145 -148

5. Wd H p. 16

6. Wd H p. 19.

7. Wd H p. 23.

8. Wd H p. 31.

9. Wd H pp. 32 -33.

10.Wd H, pp. 6 -7.

11.Wd H p. 36. cf. Nb 21,14

12.Wd H p. 61.

13.Wd H pp. 61-66.

14.Wd H p. 66.

15. Wd H p. 34.

16. Wd H p. 34 et p. 136.

17. Wd H p.35.

18. Wd H pp.39-40.

19. Wd H p.146.

20. Wd H p. 39 et p. 142.

21. Wd H p.143.

22. Wd H p.145.

23. Wd H pp. 176-177. c Gn 6,4.

24. Wd H p. 39 et P. 75.cf. Gn 9 12-17.

25. Wd H p. 38.le terme de nitsûtsôt est tiré de la kabbale loutanique.

26. Wd H pp. 44-46.

27. Wd H p. 47. Goldberg reprend ici comme pour la tour de Babel le commentaire d'Abravanel sur le Genèse qui développe une critique de la technique et du politique qui coincide avec ses vues et celles d'Unger.

28.Wd H p. 48.

29.Wd H pp. 71-72.

30.Wd H p.73 et 87

31.Wd H p.78 f.

32.Wd H p.88

33.Wd H p.90

34.Wd H pp.148-149.

35.Wd H pp.149-150 .

36 Wd H pp. 150-151. Pour le déploiement de cette énergie cf. p.173 f.

37 Wd H pp. 157.

38 Wd H pp. 151.

39 Wd H pp.151-152.

40 Wd H p. 73 f.

41 Wd H pp.153-157.

42 Wd H pp.152-153.

43 Maïmonides p.96. Goldberg se réfère au Sefer Jezira dans l'édition de L. Goldschmidt, 1894 (les citations de ce livre de Goldberg publié en 1936 seront par la suite intoduites par le sigle M)

44. M pp. 96-97.

45. M p. 97.

46. M p. 89.

47. M p. 29.

48. M p. 90.

49. M p. 91 cf. Haguiga II, 1. Dans la même page Goldberg annonce qu'il prévoit d'écrire un livre sur la kabbale et ses différentes orientations projet auquel il ne donna jamais suite.

50. M p. 116. Goldberg fournit comme référence : Ernst Müller Der Sohar das Heilige Buch der Kabbalah Wien 1922 pp. 360-362.

51.Wd H p. 156. Il n'est pas impossible que Goldberg ait aussi connu le livre de G. LANGER DIE EROTIK DER KABBALAH (1923)

52. M. pp. 91-92. Cf. Wd H p. 75 ainsi que pp. 61- 66.

53. M p. 92 . Cf. Wd H p. 55 et 66.

54 ; Cf. les trentes occurences du commentaire de Rashi dans l'index de la Wd H.

55. Cf ; entre autres Zohar I 55a. Meir ibn Gabbay Tôla<at Ya<aqôb Jérusalem 1967 2b Sefer Peliah Jerusalem, s. d., 63 d.

56. Shem Tov ben Shem Tov, Sefer ha->Emûnôt Jérusalem 1969,19b et Meîr ibn Gabbay <Abodat ha-Qôdesh Jérusalem 1954, II ch. 18.

57.Wd H pp. 82 - 90. La notion de Berith est au centre de la réflexion sur le judaïsme de David Koïgen (1879-1933), il serait étonnant qu'Oscar Goldberg n'ait pas connu les écrits de Koigen. .

58. Cf. Wd H pp. 39-75

59. Zohar III 183 b - 185 a.

60. idem III 92 b.

61. Cf. R. Goetschel "The conception of Prophecy in the Works of R, Moses de Leon and R. Joseph Giqatilia ( en hébreu) in JERUSALEM STUDIES IN JEWISH THOUGHT vol. VIII pp. 217-237.

62. Cf. M. Idel, Messianisme et Mystique, Paris 1994 pp. 19-35.

63. Cf. M. Idel, Hasidism between Ectasy and Magic, Albany 1995.

64. Cf M p.91 et Wd H p. 75.

65. Cf. G. Scholem "Schöpfung aus Nichts und Selbverschrânkung Gottes" Eranos Jahrbuch 25, 1956 pp. 87-119.

66. M p100.

67. M p. 84.

68. Shemot Rabba 9, 9.

69. Ma<arekhet ha->Elôhût (reprod. de l'ed. de Mantoue 1558), Jérusalem 1963, 199 b. Sur ce motif des Sarim cf. R. Goetschel "Le motif des sarim dans les écrits de Joseph Giqatilia" in MICHAEL XI, Tel-Aviv 1989, pp. 9-31.

70. Walter Benjamin Die Geschichte eine Freundschaft, Suhrkamp Verlag 1975 p. 75 . (Le livre sera cité désormais sous WB )

71. WB p. 123 et Von Berlin nach Jerusalem, Frankfurt am Main 1994 p. 182 (cité par la suite sous BJ ).

72. BJ p. 184. Pour les rapports avec Mme; Blavatsky cf. BJ p. 186 et W B p. 124.

73. WB p. 126.

74 Cf. WB p. 123, il utilise le terme " eine Art biologischer Kabbala "

75 WB p. 123.

76. idem p. 124.

77. ibidem pp. 124- 125.

78. G. Scholem, Briefe Mûnchen 1994 n° 94 An Rosa Okun pp. 235-237.

79. idem p. 238. Cette phrase ne me semble cependant pas justifier l'interprétation qu'a fait Unger de l'étude de Scholem sur Cardozo comme un pamphlet contre Goldberg. Cette afirmation d'Unger me parait plutôt un prétexte invoqué par Unger pour publier sa défense et illustation du système de Goldberg.

80. ibidem pp. 238-239.

81. G. Scholem Briefe p. 408. note 1.

82. Ainsi dans W d H p. 23 "die energischen Funktionen" Krâftfeld ", " hohen Spannungzustande ". P. 74 " Maschinen raum " " dynamo " etc..

83. Là dessus cf. M. Idel "The Magical and Neoplatonic Interpretations of the Kabbalah in the Renaissance" in Jewish Thought in the Sixteenth Century (Ed. B. D. Cooperman) Cambridge (Mass.)1983 pp. 186 -242.

84. G. Scholem, Briefe, Mûnchen 1994 p. 407.

85. G. Scholem Les grands courants de la mystique juive, Paris 1950, p. 20 et pp. 47-50 ainsi que Kabbala und Mythos dans Zur Kabbala und ihre Symbolik, pp. 117-158, 1973.

86. H. Jonas, Der Gottesbegriff nach Auschwitz. Eine jüdische Stimme, Frankfürt am Maïn, 1984

Roland GOETSCHEL

BIBLIOGRAPHIE / BIBLIOGRAPHY
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